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à l’endroit des mariages mixtes, ou de leur ardeur dans les luttes électorales. Jacobini, dès le 21 mai, répondit au nom du Pape : la concession papale, déclarait-il, ne vise que la collation des cures proprement dites ; le gouvernement ne peut opposer son veto que pour des raisons d’ordre public appuyées sur des faits dont c’est à lui d’établir la preuve ; durant les discussions, un administrateur provisoire de la cure doit être nommé librement par l’évêque. Krementz avait demandé qu’en cas de conflit l’évêque n’eût pas à céder, mais que le métropolitain, ou bien un évêque voisin, tranchât le différend ; Jacobini, demeurant dans des termes plus vagues, invitait les évêques à ne pas proposer de candidats qui fussent, pour des raisons légitimes, notoirement déplaisans au gouvernement ; il exprimait l’espoir que l’État, de son côté, n’abuserait pas de son droit : en cas de conflit insoluble, on recourrait au Saint-Siège. Cette réponse de Jacobini, visant des évêques qui semblaient crier : Méfions-nous, voulait dire au contraire : Confiance. Le Pape est là ! Certain bruit de presse avait couru, d’après lequel les évêques se proposaient de demander au gouvernement le rappel des ordres. Jacobini défendait très nettement qu’une pareille démarche fût faite sans l’avis du Saint-Siège, qui, disait-il, « a traité avec le gouvernement de l’abrogation des autres lois. » Il exprimait enfin l’espoir qu’on n’opposerait pas d’entraves à l’exécution de cette loi nouvelle, d’où l’on pouvait « attendre de sérieux avantages. »

Entre toutes les lignes de sa lettre, on devinait cette idée, que l’Eglise de Prusse devait faire crédit à Bismarck, comme inversement, quelques semaines plus tôt, le Landtag, docile au chancelier, avait fait crédit au Pape. Bismarck et Léon XIII, affectant l’un dans l’autre une certaine confiance, demandaient, l’un à son Landtag, l’autre à son épiscopat, de la partager.

Deux actes nouveaux, en juin, confirmèrent la volonté papale. Ce fut d’abord, le 12 juin, une circulaire du nonce Di Pietro : l’obligation de présenter les noms des curés, reconnue, le 26 avril précédent, pour la collation des cures antérieurement vacantes, était, pour l’avenir, définitivement acceptée ; ainsi Léon XIII, fidèle à sa promesse, remerciait-il Bismarck de préparer, dès maintenant, une révision complémentaire des lois de Mai. Puis, le 16 juin, en présence des exigences de la bureaucratie prussienne, Jacobini faisait savoir à Krementz qu’il