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aussi grand pas. Tel fut le glas du Culturkampf : à défaut de l’autre Bismarck, du responsable, c’était un obscur Bismarck qui le sonnait.


VII

Mi manca Bismarck, disait plus tard Léon XIII, lorsqu’il avait affaire à des gouvernemens qui, prisonniers des caprices parlementaires ou de certaines influences occultes, ne pouvaient répondre à ses avances que par des tâtonnemens. Léon XIII demeurait content de Bismarck. « Cet homme, » sans doute, avait été « dur, » oui, très dur, comme à maintes reprises le Pape l’avait dit à Schloezer ; mais de 1885 à 1887, une fois bien concertées, et acceptées de part et d’autre, les conditions et les limites de l’accord, Bismarck, en deux grandes étapes, l’avait réalisé. Les agitations violentes qui s’étaient dessinées dans certains cercles protestans après le vote de la loi de 1886 étaient demeurées sans effet, non seulement sur les décisions bismarckiennes, mais sur l’allure même de leur réalisation ; au nom de la raison d’Etat qui réclamait la concorde allemande, Bismarck avait passé outre à l’esprit de secte. Les soucis maladifs, et même haineux, que lui inspiraient toujours les progrès du polonisme, et qui, d’après lui, l’avaient amené, jadis, à engager le Culturkampf, ne lui défendaient plus d’y mettre un terme : il avait, contre le polonisme, trouvé d’autres armes, les lois de colonisation, aussi maladroites d’ailleurs que cruelles. Durant ces deux années 1886 et 1887, ni le spectre du polonisme, toujours flottant devant ses regards, ni le spectre du péril ultramontain, agité dans certaines assemblées protestantes, ne s’interposèrent une seule minute entre Bismarck et le Pape pour retarder leur commune besogne de pacification. Le Pape et le chancelier avaient senti, l’un et l’autre, la portée de ce qu’ils concédaient et la portée de ce qu’ils réservaient ; ni l’un ni l’autre ne fut mauvais marchand, ni l’un ni l’autre ne fut dupe. Et Galimberti, qui tout de suite recueillit sa récompense en allant occuper la nonciature de Vienne, put se flatter d’emporter avec lui la reconnaissante estime du Pape et de Bismarck.

Un certain nombre d’aristocrates catholiques, dont quelques-uns, comme le duc de Ratibor, avaient été catholiques d’État, firent circuler une adresse de gratitude, destinée au Pape : la