l’indépendance que je veux assurer à tous mes enfans. Ainsi je suis fort tranquille de ce côté là.
« Voici un extrait de la lettre de Mme de Sillery dont je n’ai ôté que les décomptes d’argent et les protestations de dévouement et de tendresses, parcequ’elles sont toutes détruites par l’ordre impérieux de ne point faire d’objections et la demande de n’y pas changer un mot, sans me donner aucune explication sur l’éloignement, mais l’éloignement est de même pour moi, et cela ne m’a pas empêché de lui donner toutes mes raisons. Cette clause m’a bien l’air de chercher une mauvaise excuse pour abandonner ta pauvre seur. Ecris-moi bien sincèrement et bien franchement tout ce que vous pensez tout les deux, c’est toujours ce que j’aime à vous voir faire et ce qui m’attache à vous. Vous voyez qu’il est nécessaire que vous lisiez tous les deux cette lettre avec attention. »
Pour Philippe commence l’ère des désillusions. Il doute maintenant du dévouement sur la foi duquel il a sacrifié la tendresse sûre de sa femme, la paix sacrée du foyer. A son tour, il souffrira de l’éloignement de ses enfans et, privée de sa seule source de force, cette faiblesse, exploitée par l’ambition, sombrera dans la tourmente proche.
Il est hors de doute que la clairvoyance de Mme de Genlis, aiguisée par la distance, apaisa son enthousiasme révolutionnaire et diminua les espérances qu’elle avait fondées sur la fortune politique du Duc d’Orléans. Il lui faut maintenant tirer son épingle d’un jeu qui devient trop dangereux : la Révolution agissante va lui en donner les moyens.
Le séjour de Londres n’étant plus possible pour celle qu’on y appelait « la jacobine, » au plus fort de la tourmente, au lendemain des massacres de Septembre, elle brave tous les périls dans sa hâte de venir au Palais-Royal jeter presque à la tête de Philippe la fille qu’elle avait conquise sur sa mère.
Encore une fois, Philippe implore pour qu’elle conduise Mademoiselle près de son frère à Tournay. De mauvaise grâce, elle accomplit cette mission et la considère comme la fin de sa tâche.
L’émigration du Duc de Chartres la force pourtant à emporter ce précieux dépôt en Suisse, où le prince passera lui-même peu de temps après.