Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

émissaire du préfet de police vint l’avertir de l’imminence du danger.

— N’ayant pas la force nécessaire réunie dans ce moment, dit cet agent de la police, pour réprimer les mutins, le préfet de police invite Votre Excellence à quitter son hôtel au plus vite.

L’ambassadeur avait beau parler du droit des gens et du désir qu’il avait de finir sa tasse de thé, il fallut se sauver et il passa chez Mme de Montcalm. C’est le général Sébastiani qui a payé tout l’écot avec la perte de ses vitrages et de la grille de son jardin.


18 septembre. — L’inquiétude et l’effervescence augmentent d’heure en heure ; les rues sont encombrées de monde, des bandes de Clubistes parcourent la ville, tout nous annonce quelque grand coup. Le Palais-Royal est rempli de troupes ; Casimir Perier et Sébastiani ont eu toute la peine du monde à se soustraire aux assaillans en se sauvant dans un corps de garde de la place Vendôme. On pille les armuriers, la troupe ne veut point agir sans la garde nationale, et celle-ci est très irritée contre le ministère. On veut du sang et il en coulera. On arrange le château fort de Vincennes pour le cas où la révolte se porterait sur Neuilly où la famille royale vient de se réfugier depuis ce matin ; enfin, nous voilà encore replongés dans tous les troubles de l’année dernière et du mois de février de celle-ci. La populace a forcé les portes des théâtres et fait évacuer les salles ; la même chose serait arrivée aux Italiens, si l’on n’avait pas eu la bonne idée de faire éteindre les lustres du foyer, des bureaux et les lampes qui se trouvent placées devant le théâtre et de fermer les portes, de sorte que l’on a pu faire croire aux tapageurs qu’il n’y avait point de représentation ; malgré cela, ils se sont amusés à casser les carreaux et, de là, ils sont allés piller les armuriers de la rue de Richelieu et briser les réverbères ; plusieurs scènes dans ce genre s’y sont passées et le pillage aurait été complet si la force armée n’avait pas réussi à chasser les mutins. Notre hôtel et celui de la Russie sont désignés.


20 septembre. — Tout est tranquille aujourd’hui et l’on espère que ce sera encore pour quelque temps ; je le désire ; mais l’affaire de la Pairie nous pend encore sur la tête. On