Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les rapports de la France et de l’Allemagne ont été, depuis quelques semaines, non pas troublés, mais agités par une série d’incidens qui se sont succédé avec une étrange rapidité, à Lunéville, à Nancy, à Arracourt. Nous ne les raconterons pas, car les journaux en ont été remplis et les détails en sont connus. A propos du premier de ces incidens, la chute d’un dirigeable allemand à Lunéville, les procédés courtois des autorités civiles et militaires françaises et la rapidité de la solution qui est intervenue ont produit au premier abord une excellente impression en Allemagne. Le gouvernement impérial a chargé son ambassadeur à Paris d’en exprimer ses remerciemens à M. le ministre des Affaires étrangères et, de part et d’autre, l’affaire a été déclarée close. On a pu croire par la suite que le gouvernement impérial avait éprouvé quelques velléités de la rouvrir : pour nous, elle reste et elle restera close. Nous nous en tenons aux remerciemens qui nous ont été adressés et que nous avons la conscience d’avoir mérités. Nous l’avons même eue à un tel point que, dans le compte courant qui se poursuit entre l’Allemagne et nous, il nous semblait avoir augmenté le chapitre de notre crédit : nous avions espéré en toute bonne foi que, si un accident regrettable pour nous survenait dans un délai prochain, l’Allemagne mettrait, qu’on nous passe le mot, quelque coquetterie à le régler en toute bienveillance, de manière à pouvoir dire le lendemain que nous étions quittes. Mais les choses n’ont pas tourné ainsi. L’incident de Nancy a éclaté, incident misérable où nous avons reconnu loyalement que les torts étaient de notre côté et que nous avons réglé comme il convenait, puisque le gouvernement allemand a renoncé à lui donner une autre suite. Les torts, disons-nous, étaient de notre côté : mais combien légers ! Eh quoi ! de nombreux Allemands passent la frontière tous les dimanches et viennent à