Une épopée, c’est l’histoire napoléonienne écrite par M. Frédéric Masson.
Or, Villemain définissait l’épopée : « l’histoire écrite par les poètes, à une époque où il. n’y a pas d’autre historien que le poète. » Cette définition résumait une ingénieuse théorie de l’épopée qui eut beaucoup de vogue au siècle dernier, mais à laquelle il faut qu’on renonce. Il paraissait que l’épopée fût un genre très différent de tous les autres, soumis à des conditions très particulières ; et l’on posait en principe l’antinomie de l’épopée et de l’histoire. Mais cette vive antinomie, invention d’une critique impérieuse, se résout d’elle-même, comme en témoigne l’œuvre savante et poétique de M. Frédéric Masson.
Cependant, on a pu croire, il y a quelque cinquante ans, que non seulement l’épopée, chant de l’histoire, mais l’histoire allait périr. Et, ce qui faillit la tuer, c’est la fameuse « méthode historique » que divers érudits, prudens et un peu tatillons, préconisaient. Méthode austère et triste. Ces érudits pratiquaient, sans joie, une science. Ils recueillaient et publiaient, selon leur mot, des « textes ; » et ils en discutaient, avec minutie, la teneur. Ils les chicanaient ; et ils avaient grand soin de ne rien avancer qui ne fût dans les textes, dûment constitués. Leur occupation n’était pas dépourvue de toute analogie avec le jeu dit des
- ↑ Napoléon et sa famille (tome X, 1814-1815), par M. Frédéric Masson. Le premier volume est de 1896. L’auteur annonce deux volumes encore, pour compléter cette série.