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d’autres viendront s’ajouter, à mesure que des fautes nouvelles seront découvertes. Au moment où nous écrivons, il s’en produit encore, hélas ! presque tous les jours. Le mouvement avait été préparé de longue main ; il devait sans doute éclater partout simultanément et peu s’en est fallu qu’il ne le fit ; il y a eu toutefois quelques jours d’intervalle entre ses diverses manifestations à Toul, à Belfort, à Mâcon, à Orléans, à Dijon, à Rodez. Il a été particulièrement grave dans cette dernière ville et il aurait pu le devenir encore davantage sans la présence d’esprit et le courage du commandant Angelly, dont le nom mérite d’être retenu au milieu de tant de tristesses. A un signal convenu, un roulement de tambour, les hommes devaient descendre en armes dans la cour de la caserne et marcher ensuite sur Albi où les attendaient sans doute d’autres conjurés. Par bonheur, le commandant Angelly était dans la caserne au moment où le tambour a retenti et où les soldats ont commencé à déboucher dans la cour. Saisissant un fusil, il s’est écrié que le premier-qui passerait outre était un homme mort. Tous ont reculé, et on a vu une fois de plus ce que peut la résolution d’un seul homme lorsqu’on la sent indomptable. Le commandant Angelly a sauvé la situation, mais l’affaire ne peut pas en rester là : c’est à Rodez surtout qu’il importe de faire la lumière, et de la faire complète, sur le complot qui s’y est ourdi. Là, comme ailleurs, des soldats ont été emprisonnés et des gradés cassés, mais la conscience publique ne serait ni satisfaite, ni rassurée, si l’enquête ne découvrait pas la main qui, à distance, en a préparé la criminelle machination.

Elle n’est pas difficile à découvrir. Avec une audace encouragée par une longue impunité, la Confédération générale du Travail a entamé la propagande dont nous venons de voir les effets. Les organes principaux par lesquels son action s’est développée et transmise de proche en proche jusqu’au cœur même de notre armée, sont les Bourses du travail et cette prétendue société de secours qui s’appelle « le Sou du soldat. » Échapperont-elles plus longtemps à la responsabilité de leurs actes ? C’est la question qui se pose et, suivant la réponse, les séditions militaires de ces jours derniers auront servi à conjurer le danger en le révélant, ou bien elles l’aggraveront et le porteront au paroxysme.

Les journaux, — nous parlons de ceux qui ne se voilent pas la face devant le péril, mais qui, au contraire, le regardent fixement, le montrent et l’affrontent, — ont donné avec abondance des détails sur la propagande que les organisations syndicalistes poursuivent passionnément.