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chose. Sans perdre un instant, pour empêcher le maintien de la classe, préparons la grève générale. »

Les syndicats, comme toujours, se montrent prêts à marcher. Le secrétaire de l’Union des Syndicats de Lyon préconise le 10 mai dans l'Ouvrier des Scieries « un bon mouvement de grève générale dont on lancerait l’idée immédiatement par une décision portée à l’ordre du jour du Comité confédéral, une consultation de tous les syndicats, des Fédérations et des Unions. » En vue de l’opération, on prend des précautions révélatrices de l’action antérieure. Le Comité fédéral des métaux écrit dans l' Union des Métaux de mai : « Il serait imprudent de conserver les correspondances des soldats. Cette opportune précaution prise, le Sou du Soldat ne saurait être inquiété. » La Fédération du bâtiment précise l’esprit des syndicats par cette formule que nous empruntons au Travailleur du bâtiment du 15 mai : « La patrie, ah ! quelle bonne blague ! »

La campagne continue donc avec le même but, la même méthode et le même instrument. Le but, c’est la propagande antimilitariste et antipatriotique, spécialement dirigée, dans les circonstances actuelles, contre le service de trois ans et le maintien de la classe sous les drapeaux. Le moyen, ce sera, si possible, une sédition militaire en septembre et la grève générale. L’instrument, c’est le Sou du Soldat, dont les Fédérations essayent de masquer aujourd’hui le caractère si hautement proclamé depuis dix ans : le Sou du Soldat protégé contre les sanctions par la suppression de ses archives ; le Sou du Soldat insinuant dans les régimens, grâce aux listes de 1910, les germes de révolte des syndicats anarchistes. Comme l’écrivait récemment M. Yvetot : « Le rôle et le but du syndicalisme sont aussi ceux de l’anarchie. » Ce n’est pas nous qui le lui faisons dire.

Tels sont les élémens, les doctrines et les actes de la minorité redoutable qui, de l’appel à la révolte, est arrivée en quelques années à l’organisation de la rébellion militaire. Anarchistes et syndicalistes ne représentent pas assurément les 10 millions de travailleurs au nom desquels ils ont entrepris le sabotage de la patrie. Mais leur action tolérée a atteint de tels résultats, qu’ils ne sont pas moins dangereux que si tous les ouvriers de France pensaient et sentaient comme eux. Par eux, un complot permanent est dirigé contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État. Par eux, les services publics d’intérêt général sont constamment