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REVUE SCIENTIFIQUE

LA MORT DE L’UNIVERS

L’Univers est-il destiné à durer éternellement ? Voilà une question aussi vieille que l’humanité, dont les métaphysiciens discutent depuis des siècles et à propos de laquelle ils n’ont d’ailleurs pas réussi à démontrer autre chose que leur ingéniosité jamais découragée. Mais la science s’est depuis peu emparée de ce problème, et c’est bien un signe des temps de le voir aujourd’hui échapper au domaine nébuleux de la métaphysique pour tomber… pour monter, devrais-je dire peut-être… dans celui de la physique pure. Car la pérennité de l’Univers est devenue aujourd’hui une question de physique, et plus précisément de thermodynamique. À son sujet, les savans rompent en ce moment des lances dont le fer est forgé dans les laboratoires où l’on a fait les conquêtes les plus récentes de la science expérimentale. Leurs discussions là-dessus sont empreintes même d’une certaine vivacité, inaccoutumée dans le monde pacifique des physiciens. Il n’en saurait être autrement dès qu’il s’agit, comme ici, d’une chose qui touche au problème même des destinées, et où chacun, bon gré mal gré, et le plus innocemment du monde, ne voit dans les argumens de la science qu’un moyen d’étayer l’idéal qu’il s’est formé, car, pour être un observateur scrupuleux des phénomènes, on n’en est, hélas ! pas moins homme.

Le moment est peut-être venu de tracer un tableau objectif de ces récentes controverses sur l’avenir du monde, qui sont aujourd’hui parmi les préoccupations dominantes des astrophysiciens, comme on le voit à la lecture du curieux ouvrage du physicien suédois Arrhe-