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répartis entre 50 fédérations de métiers et 153 Bourses du travail. Sur 10 000 000 de travailleurs, ce n’est qu’une minorité. Mais c’est une minorité agissante.

Pour compléter ce tableau sommaire de l’organisation ouvrière, rappelons que la Fédération des Bourses (lre section de la C. G. T.) a réussi depuis 1901 a constituer des unions locales de syndicats qui sont ses correspondans, et depuis 1912 des unions départementales, qui sont ses cadres. Dans cette Fédération, une place spéciale revient à la Bourse du Travail de Paris, dont la création a été décidée par le Conseil municipal en 1886. Elle comprend tous les syndicats légalement formés. Mais, à côté d’elle, s’est constitué, sous le nom d’Union des Syndicats de la Seine, le groupement des syndicats révolutionnaires, qui a organisé les manifestations antimilitaristes et antipatriotiques des dernières années[1]. Enfin à ces organisations syndicales se rattachent des « Jeunesses syndicalistes » fédérées, qui groupent les jeunes gens non encore syndiqués et préparent le recrutement futur des syndicats. On en peut rapprocher aussi les Jeunesses socialistes créées par les parlementaires du Parti socialiste unifié.

Cette organisation ouvrière était le but visé par les anarchistes. Ce but, ils l’ont atteint. Feuilletez les listes de la C. G. T. et de ses commissions. Consultez celles des organisations anarchistes : vous trouvez les mêmes noms et la mainmise des anarchistes sur les syndicats apparaît en pleine lumière. Nous avons cité déjà M. Pouget, vieil anarchiste, condamné dès 1883 pour pillage à main armée, fondateur de la C. G. T. et délégué par elle à la direction de la Voix du Peuple. Voici M. Thuillier, secrétaire du Comité de Défense sociale et de la Fédération communiste révolutionnaire (F. C. R.) et en même temps membre de la commission des grèves de la C. G. T. D’autres membres des organisations anarchistes occupent d’importantes fonctions syndicales : c’est M. Bled, membre de la Fédération communiste révolutionnaire et secrétaire de l’Union des Syndicats de la Seine ; M, Verliac, membre de la Fédération communiste révolutionnaire et secrétaire de l’Union des Métaux ; M. Séné, membre de la Fédération communiste révolutionnaire, rédacteur au Libertaire et membre de la commission du journal à la

  1. Cf. Bulletin officiel du Conseil municipal, passim.