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ou général. Lorsque le camarade est en présence de ce dernier, il agit, et agir, c’est supprimer l’officier. »

La revue mensuelle le Mouvement anarchiste analyse méthodiquement le sabotage de la mobilisation. On y trouve des articles ainsi conçus : « Recettes utiles : pour mettre un canon hors d’état de nuire, il suffit d’enlever le bouchon-avant du frein hydropneumatique. » Le numéro de novembre 1912 expose les diverses façons de saboter les fusils, les lignes télégraphiques et les voies ferrées.

Le 15 octobre 1912, la Fédération communiste révolutionnaire répand un tract intitulé La Guerre où il est dit : « Ne va pas à la boucherie ! Refuse-toi à tout service ! Arme-toi et sois prêt à t’insurger ! » La Guerre Sociale du 12 novembre 1912 écrit : « Il faut que la mobilisation soit entravée tout de suite... Les militans des campagnes ont une supériorité sur ceux des villes. A deux ou trois par commune, ils peuvent entraver la mobilisation par le sabotage des postes et des lignes télégraphiques et téléphoniques et de la voie ferrée, ainsi que par la destruction des affiches de la mobilisation. »

La Fédération communiste révolutionnaire fait, dans la Guerre Sociale du 12 novembre 1912, la déclaration suivante : « Dans tous les congrès corporatifs, les travailleurs ont proclamé qu’ils répondraient à la mobilisation par la grève générale révolutionnaire. De son côté, la Fédération communiste anarchiste, qui groupe tous les anarchistes du pays, a préparé pratiquement le sabotage de l’armée et de la mobilisation en cas de guerre. » La revue le Mouvement anarchiste, déjà citée, invite les travailleurs à s’entendre avec la Fédération communiste. Le concert actif des anarchistes n’est donc pas inférieur à leur unité doctrinale.

Il y a trente ans, — et même moins, — cette doctrine n’était pas celle du parti socialiste français. Pendant les vingt années qui suivirent la guerre de 1870, les groupemens socialistes français ne s’occupèrent que très peu d’antimilitarisme et d’antipatriotisme. Leur action était d’ordre professionnel, politique et électoral. Blanqui avait publié son manifeste : La Patrie en Danger, qui, pour beaucoup, restait un dogme. En octobre 1893, au Congrès de Paris, les Guesdistes déclaraient : « Nous voulons, et nous ne pouvons pas ne pas vouloir, une France grande et forte, capable de défendre la République contre les monarchies