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un modèle de puissance et de grâce. Trois portails aux tympans ajourés que surmontent des gables, en partagent la base ; puis, au-dessus du portail du milieu, occupant tout le centre, une grande fenêtre, d’un dessin nerveux, parfaitement pur, exquise de lignes, devait jadis, quand elle avait ses vitraux aux colorations violentes dont les maîtres verriers des XIIIe et XIVe siècles avaient seuls le secret, inonder l’intérieur de l’église de tons multicolores, comme ceux d’un tapis des Mille et une Nuits.

Un détail frappe à première vue, c’est la répétition des motifs ornementaux ; mais cette répétition a été faite avec tant de tact et la qualité de la sculpture est telle, qu’il ne s’en dégage aucune impression monotone ; c’est toujours avec le même plaisir que l’on retrouve, plus haut, ce que l’on avait rencontré plus bas.

M. Enlart pense, et l’idée est très plausible, que « l’impossibilité de réunir beaucoup de sculpteurs a déterminé l’architecte à supprimer certains détails, dont on n’eût pas manqué d’agrémenter une cathédrale française, et à répéter indéfiniment certains autres ; ce qui tend à prouver qu’au XIVe siècle, comme de nos jours, les sculpteurs du bâtiment devaient avoir chacun, dans la main, quelques motifs qu’ils reproduisaient constamment ; plus le nombre de ces ouvriers d’art était restreint dans un chantier, et plus la décoration de l’église était uniforme. »

Les côtés de Saint-Nicolas ne le cédaient en rien à sa façade ; si je parle au passé, c’est parce que la plupart des arcs-boutans ont été, après les tremblemens de terre du XVIe siècle, pesamment reconstruits ; mais ce qu’il en reste ne fait que davantage regretter ce que nous ne voyons plus. Quant à l’abside, elle est le digne complément de l’édifice avec ses deux rangées de fenêtres superposées ; celles de l’étage supérieur hautes, sveltes, éclairant brillamment le chœur, couronnées de gables aigus.

A la fin du XIVe siècle on a accolé à la cathédrale trois chapelles : une au nord dont il ne reste plus que des vestiges, et deux au sud. A n’en pas douter, ces constructions étaient des chapelles funéraires. Au nord se trouvait la sacristie.

En Chypre les églises n’avaient pas de toitures ; elles étaient remplacées par des terrasses bétonnées presque plates par conséquent, et donnant à la silhouette générale des édifices religieux un cachet très spécial. Au premier abord, cette particularité