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que cet effet est dû à l’action de la Terre qui fait monter à la surface l’eau plus froide des fonds.

Le microthermographe paraît donc pouvoir rendre des services non seulement pour éviter les icebergs, mais aussi pour signaler les côtes ou les écueils.


M. Alphonse Berget, professeur à l’Institut océanographique, vient d’exécuter un très intéressant travail sur la répartition géographique des mers et des continens.

Le simple examen d’une mappemonde fait voir l’inégalité des domaines occupés par les terres et les mers et aussi l’irrégularité de leur répartition. Sur les 510 millions environ de kilomètres carrés qui constituent la superficie totale de la Terre, les mers en occupent 366 millions et les terres émergées seulement 144 millions. L’eau recouvre donc plus des 7 dixièmes de la surface terrestre. Au point de vue de la répartition des terres et des mers, l’hémisphère Nord est proportionnellement beaucoup plus riche en terres que l’hémisphère austral ; le rapport de la surface aqueuse à celle des terres y est en effet 1,57, tandis qu’il est égal à 4,80 dans l’hémisphère Sud. Les géographes se sont demandé depuis longtemps s’il ne serait pas possible de tracer sur la Terre un grand cercle qui la partagerait en deux hémisphères tels que l’un contînt la proportion maxima de terres, tandis que l’autre enfermerait la proportion maxima d’eau par rapport aux terres. On diviserait ainsi la Terre en deux hémisphères ; l’un continental, l’autre océanique. Les pôles de ces hémisphères seraient respectivement le pôle continental et le pôle océanique du globe.

C’est au géographe français Buache, qui vécut au XVIIIe siècle, que l’on doit cette idée ingénieuse. L’insuffisance des connaissances géographiques à cette époque ne permettait pas de résoudre le problème avec précision. Au XIXe siècle, quand les découvertes furent assez nombreuses, on plaça successivement le pôle continental à Londres, à Paris, à Amsterdam.

M. Alphonse Berget vient, par une méthode ingénieuse, de reprendre ce problème et le résultat de ses déterminations l’ont conduit définitivement à fixer la position du pôle continental de la Terre dans l’île Dumet, petite île située dans les eaux françaises au large de l’embouchure de la Vilaine par 47°2’442" de latitude Nord et 2°37’13" de longitude Ouest de Greenwick. Le grand cercle équatorial mené de ce pôle laisse au-dessus de lui toute l’Europe et presque toute l’Asie, toute