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puissance et de vitesse qui ont été faites au cours des derniers essais.

Au point de vue de l'altitude, le Fleurus devrait présenter une supériorité sur tous les autres, en raison de la proportion considérable de lest disponible qu'il peut emporter; mais on n'a pas pu profiter complètement de cette précieuse faculté parce que, ne comptant pas sur une force ascensionnelle aussi grande, on avait muni l'appareil de ballonnets à air trop petits. Or, on sait qu'on ne doit pas, sans imprudence très grave, monter à une hauteur, supérieure à celle qui correspond au volume des ballonnets à air. On va donc être obligé, pour profiter de toute l'altitude possible, de remplacer les ballonnets actuels par d'autres d'un volume plus considérable.

Ajoutons que le Fleurus possède une imperméabilité tout à fait exceptionnelle. Tandis qu'on était habitué à voir les dirigeables perdre en un ou deux mois peu à peu leur force ascensionnelle, et qu'on avait même été amené à considérer comme une règle de les vider complètement pour les regonfler à nouveau au bout de trois mois, le Fleurus a été entretenu gonflé pendant plus de huit mois, et était encore, au bout de cette période, capable d'exécuter dans d'excellentes conditions des voyages de longue durée.

Cette construction fait le plus grand honneur à l'Établissement de Chalais, notamment à son chef le commandant Fleury, et au capitaine Lenoir, l'éminent ingénieur-aéronaute qui fut chargé de ce travail, ainsi qu'à ses collaborateurs, les ingénieurs civils Dupoux et Meaux Saint-Marc, tous trois anciens élèves de notre Ecole supérieure d'aéronautique.

La comparaison du Fleurus avec un Zeppelin est particulièrement suggestive. Le Zeppelin est le triomphe du « kolossal. » Depuis plus de cent ans, on sait que les gros dirigeables sont plus avantageux au point de vue de la vitesse que les petits ; car, sans rien inventer, on peut les doter d'une puissance motrice plus grande relativement à leur résistance à l'avancement. Cette résistance croît, en elîet, pour employer le terme technique, comme le carré des dimensions, c'est-à-dire qu'un ballon de 20 mètres de diamètre aura quatre fois plus de résistance, à vitesse égale, qu'un ballon de 10 mètres ; mais la puissance motrice disponible augmente non pas comme le carré, mais comme le cube des dimensions, de telle sorte