pouvons compter sur les ressources de notre pays pour renouveler, autant qu'il sera nécessaire, les approvisionnemens de réactifs destinés à gonfler ou à renflouer nos dirigeables. Tout cela s'est fait sans bruit, et il est de toute justice de noter ce fait à l'actif de notre service d'aéronautique militaire, qu'il est actuellement de mode de critiquer, souvent à tort.
En ce qui concerne les étoffes imperméables caoutchoutées
qui servent à construire les enveloppes de ballons, la situation
était analogue. On a fait grand bruit, il y a quelques mois, à
propos des commandes d'étoffes à ballons faites à d'importantes
maisons allemandes ; à en croire certains articles de journaux,
les dirigeansde notre aéronautique militaire étaient des traîtres
à la patrie, qui achetaient systématiquement à l'étranger leurs
tissus de dirigeables. La vérité est que, si on allait chercher en
Allemagne des étoffes caoutchoutées, c'est qu'on n'en trouvait
pas en France présentant les qualités requises. Certes, ces tissus
allemands n'étaient pas parfaits, mais ils étaient infiniment
supérieurs à ceux de nos fabriques nationales. Il fallait donc
ou renoncer à avoir des dirigeables, ou se résigner à faire des
commandes au delà de nos frontières. Mais, en même temps
qu'on assurait le présent comme on pouvait, on se préoccupait de
l'avenir; on encourageait l'industrie nationale; et à l'heure
actuelle, les étoffes de nos ballons sont, suivant la formule réglementaire, de fabrication exclusivement française.
En résumé, nous sommes, actuellement, sous le rapport des dirigeables, inférieurs, et de beaucoup, à nos voisins les Allemands. Cette infériorité est due uniquement à un manque de décision de notre part, tout le monde est à peu près d'accord, aujourd'hui, pour le reconnaître, et c'est là un fait heureux, et de même ordre, — toutes proportions gardées, — que l'accord qui s'est fait récemment dans notre pays sur la nécessité de rétablir le service de trois ans. Il est bien entendu que nous allons nous mettre à l'œuvre pour sortir de cette infériorité. Mais il importe de ne pas nous laisser décourager dans cette voie par les difficultés concernant le matériel ou le personnel. D'une part, en effet, notre industrie n'est pas suffisamment outillée ; d'autre part, nos troupes d'aérostiers doivent être remises en forme.