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du XVIe siècle, et Maximilien d’Autriche y fait une entrée qui émerveille Olivier de la Marche. Mais c’est à Bruxelles et à Anvers que l’orientation nouvelle se dessine avec Gossart, van Orley, Quentin Metsys. La seconde ville surtout voit naître et se développer cette sorte de romantisme parfois un peu baroque, souvent délicieux, dont l’un des protagonistes est l’auteur de l’Adoration des Mages de Munich, faussement signée Henricus Blesius, lequel pseudo-Blesius est représenté au musée gantois tout au moins par un disciple, avec une œuvre énigmatique : Un ange appointant un message à un vieillard couché. Ce « baroque primitif » est une première expression de l’italianisme flamand. Quelques traits en sont discernables aussi au Musée dans la Pietà citée plus haut du Néerlandais septentrional Engelbrechtoz, et dans une Vision de saint Bernard aux figures lourdes, au décor fantaisiste, au coloris monotone. On donne cette dernière œuvre à l’école gantoise (vers 1525-1540). Si des survivances traditionnelles y apparaissent, c’est dans le décor sculptural des piliers ornés de statuettes, tradition qui remonte à Roger van der Weyden. L’italianisme grandissant n’arrêta point l’irrésistible développement de l’école des « drôles » créée par Jérôme Bosch, couronnée par Bruegel l’ancien, et à laquelle Quentin Metsys apporta sa contribution avec ses sujets profanes très imités, notamment par le Zélandais Marinus van Reymerswale. De celui-ci le musée de Gand montre une Conversion de saint Mathieu, datée 1536 ; d’une facture lisse et très aisée, d’un coloris net et sec qui oppose les tons rougeâtres des architectures aux teintes blafardes des visages, c’est une œuvre de maître où l’auteur affiche ses outrances et son « maniérisme » habituels. Les expressions religieuses de Quentin Metsys, d’autre part, se prolongent dans une Vierge au Musée attribuée à l’atelier du « Maître de Francfort, » lequel travaillait dans le premier tiers du XVIe siècle et était peut-être d’origine hollandaise, ainsi que dans une autre Vierge du Musée, dont l’auteur inconnu répète fidèlement les harmonies gris-bleutées du fondateur de l’école anversoise.

Avec les disciples de van Orley et de Gossart, l’italianisme flamand se fit plus romain. L’un des inspirateurs du classicisme septentrional fut un élève d’Orley, Pierre Coecke d’Alost (1502-1550), en qui l’on a vu l’auteur d’une série de Saintes Cènes, jadis mises à l’actif de Lambert Lombard de Liège. Trois tableaux