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découvrir quelque originalité dans l’ordonnance et le coloris de son Martyre de saint Jacques (maître-autel de l’église Saint-Jacques), mais c’est un agréable tableau que sa Chasse de saint Hubert (Saint-Michel) montrant dans un beau paysage le saint en pourpoint bleu et son serviteur, lequel, pour tenir la bride du cheval, imite le valet du Charles Ier de van Dyck. Boeckhorst plaça parfois de bonnes figures populaires dans les œuvres de Snyders ; ses portraits, au dire de Descamps, rivalisaient avec ceux de van Dyck. (Plus d’un Boeckhorst est peut-être attribué à l’illustre portraitiste ?) Mais ses tableaux gantois le mettent-ils, comme certains le prétendent, au rang des princes de l’école d’Anvers ? Les œuvres de Peter Thys (1624-1677) et de Théodore Boyermans (1620-1658) qui sont au Musée, disent l’admiration de ces maîtres pour van Dyck, tous deux s’appliquant toutefois à traduire en clair les élégances religieuses de leur illustre modèle.

Gand méritait vraiment d’avoir son peintre, enfant sinon interprète du milieu. Jean Janssens put donner quelque espérance à sa ville natale. Mais, plus encore que Leghers et Rombouts, il se voua aux imitations du Caravage (voir surtout son Couronnement d’épines de l’église Saint-Pierre). — Le vrai peintre de Gand au XVIIe siècle, c’est Nicolas de Liemakere, dit Rose ou Roose (1601-1646). Il fut condisciple de Rubens chez Otto Vœnius, puis maître à Gand en 1624. L’évêque de Paderborn se l’attacha, mais Roose, pour raisons de santé, revint dans sa ville natale. Il y mourut à quarante-cinq ans, ayant peint quantité de grandes toiles pour les églises paroissiales et abbatiales. Une jolie légende a plus fait pour sa popularité qu’aucune de ses œuvres. Rubens, appelé à Gand par la confrérie de Saint-Michel pour peindre une Chute des Anges, aurait dit : « Quand on possède une rose pareille, on peut se passer de fleurs étrangères... » De ce jour maître Nicolas aurait gardé son surnom de Rose. Rubens était bon confrère, un peu flatteur, mais de Liemakere n’était pas mauvais peintre. Il est étrange qu’il ne soit nulle part question d’études faites par lui en Italie. Le grand tableau du maître-autel de Saint-Nicolas : l’Élection de saint Nicolas comme évêque de Myre en Lycie (peint en 1630-32), où tout un concile en émoi s’étage devant une sombre architecture, fait penser au Dominiquin et au Caravage. Le Jugement dernier de l’église Saint-Jacques (1640),