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REVUE MUSICALE

LE FIDELIO, DE BEETHOVEN, A PROPOS D’UN LIVRE RÉCENT


Fidelio, de L. van Beethoven, par M. Maurice Kufferath. Paris, librairie Fischbacher, 1913.


« Adieu, chaude lumière du soleil, pour nous trop vite évanouie. » A la fin du premier acte de Fidelio, c’est ainsi que chantent les prisonniers rentrant dans leur prison. Et c’est de même, avec un sentiment de regret et de mélancolie, que, revenant d’Italie et de Rome, de la Rome d’été, nous rentrons dans le chef-d’œuvre sublime et sombre, à l’occasion d’un nouveau livre en son honneur. Aussi bien, nous lui devons des excuses. Plus d’une fois il nous est arrivé là-bas de pécher, au moins par pensée, contre lui et contre ses frères allemands. N’était-ce point un soir, et d’un autre été romain, que, sous les arbres du Pincio, la « musique » d’un régiment jouait l’ouverture, ou plutôt l’une des quatre ouvertures, et la plus admirable, de l’opéra beethovenien ? Mais nous ne l’écoutâmes que d’une oreille distraite, et notre cœur, étrangement prévenu, la reconnut à peine, ou plutôt la méconnut. Dans l’air tout imprégné de la douceur et de la lumière latine, les choses du dehors étaient si belles, que les choses de l’âme nous devenaient importunes, et nous éloignions de l’horizon et de notre souvenir l’héroïque, mais triste silhouette du jeune homme vêtu de noir. Plus d’une fois encore, il y a peu de semaines, le sensuel enchantement fut tout près d’être le plus fort. Dans un théâtre populaire, voisin du château Saint-Ange, il ne nous déplaisait pas d’aller entendre les aimables cantilènes de l’Elisire d’amore, de Don