Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 17.djvu/501

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand on a parcouru cette galerie si amusante et si vivante, quand, par la faveur de cette charmante familiarité qui est la vertu historique de Plutarque, on a vécu dans l’intimité de ses héros, on dirait qu’on est de plain-pied avec toute l’antiquité. Thésée et Romulus, Lycurgue et Numa Pompilius, Solon et Valerius Publicola, Thémistocle et Camille, Périclès et Fabius Maximus, Alcibiade et Coriolan, Timoléon et Paul-Émile, Pélopidas et Marcellus, Aristide et Caton le Censeur, Philopœmen et Flaminius, Pyrrhus et Marius, Lysandre et Sylla, Cimon et Lucullus, Nicias et Crassus, Eumène et Sertorius, Agésilas et Pompée, Alexandre le Grand et César, Phocion et Caton d’Utique, Agis et Cléomène et les Gracques, Démosthène et Cicéron, Démétrius Poliorcète et Marc-Antoine, Dion et Brutus, tous revivent devant nous ; ils nous accompagnent, en quelque sorte, et nous conseillent ; après les avoir contemplés dans leur alignement à la fois si imposant et si abordable, on se dérobe difficilement à l’envoûtement. C’est que Plutarque a cherché, a trouvé, sous le héros, l’homme, et que son ingénieuse patience a su découvrir et nous montrer, en chacun d’eux, l’âme, source de l’énergie, ressort de tant de belles actions à jamais mémorables et à jamais exemplaires.


GABRIEL HANOTAUX.