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Nous pensons seulement que la réalisation du tunnel serait une source de bénéfices énormes pour le commerce des deux pays, qu’elle augmenterait la bonne volonté de nos amis du Continent, qu’elle stimulerait enfin les échanges avec les pays étrangers.

Personnellement, nous n’avons rien à gagner à l’exécution de ce projet, mais nous estimons qu’il serait à l’avantage de notre pays et de notre commerce.

Notre Commission n’est pas une Commission de parti ; nous nous sommes efforcés de garder autant que possible une balance exacte entre les deux partis.

Notre seul but est d’obtenir la construction du tunnel, projet qui ne doit appartenir à aucun parti. Je dois appeler l’attention sur ce fait que la Commission comporte beaucoup de membres, y compris les officiers de l’armée, qui étaient autrefois opposés au tunnel et qui, maintenant, en sont partisans.


A ce point de son discours, l’orateur de la députation explique les motifs de ce revirement d’opinion :


Mes collègues, dit-il, considèrent que la question d’approvisionnement en vivres de notre pays, en temps de guerre, est beaucoup plus importante qu’il y a trente ans, lorsque, pour la première fois, on s’est occupé de cette affaire.


Puis il ajoute :


En fait, j’ai feuilleté les rapports de cette époque et j’ai remarqué que cette question d’approvisionnement en vivres n’avait pas été soulevée alors et qu’on n’avait jamais fait observer que ce tunnel pouvait être une aide puissante en assurant un supplément de vivres en temps de guerre.


Et il continue, en envisageant la question sous ses aspects nouveaux :


Nous considérons que le tunnel donnerait un supplément de vivres en cas de guerre avec tout pays, à l’exception de la France, et le fait de savoir que des vivres pourraient être obtenus du Continent si les routes commerciales maritimes venaient à être fermées à nos navires tendrait à éviter une panique et l’élévation du prix du pain. A notre avis, le développement de la navigation aérienne a modifié notre position et personne ne peut dire quelles seraient les dernières conséquences de ce fait.

Notre amitié avec la France, qui s’est maintenue pendant quatre-vingt-dix-huit ans à travers des circonstances très diverses, est assurée, et la construction d’un tunnel fortifierait encore cette amitié. Enfin, ne pas améliorer ses moyens de communication avec ses voisins et avec ses amis, par peur d’une invasion de leur part, parait indigne d’une grande Puissance.

Je ne parlerai pas des raisons stratégiques qui furent opposées avec