Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 17.djvu/551

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

construction et l’exploitation de la voie nouvelle seraient autorisées. (Le marquis de Lavalette au comte de Clarendon, 15 avril 1870.)

Lord Clarendon répond que la bonne foi et l’honorabilité des sujets britanniques intéressés dans le projet sont indiscutables, mais que des données manquent pour se prononcer sur la possibilité d’exécuter une aussi grande entreprise et sur les dépenses d’exécution.

La guerre survient, qui interrompt les négociations, reprises d’ailleurs aussitôt la paix rétablie.

En effet, dès le 30 novembre 1871, M. de Rémusat, ministre des Affaires étrangères, renouvelle la question déjà posée au gouvernement anglais par M. de Lavalette. Le Comité franco-anglais agissait, d’ailleurs, parallèlement et le secrétaire d’Etat au Foreign Office, lord Granville, n’était pas pris au dépourvu. Le Board of Trade, consulté, donne un avis favorable, sous certaines conditions et, le 24 juin 1872, lord Lyons, ambassadeur d’Angleterre à Paris, agissant en vertu d’instructions venues de Londres, l’avant-veille, remet à M. de Rémusat une note très explicite, où il donne une adhésion formelle au principe du tunnel projeté entre la France et l’Angleterre, sous le bénéfice de quelques observations qui portent uniquement sur les conditions de la concession et de l’exécution du chemin de fer sous-marin.

Loin d’atténuer cette adhésion, ces observations ne font que préciser l’esprit dans lequel elle est donnée. Laissant déjà de côté la question diplomatique qu’il considère comme résolue, le gouvernement anglais n’a plus souci que des difficultés techniques et financières. Des premières, il croit qu’on peut triompher, mais il se demande si, financièrement, on peut mener l’œuvre à bonne fin sans l’assistance du gouvernement. Il se prononce contre la concession à perpétuité faite à une entreprise privée et il est d’avis que les deux gouvernemens s’entendent pour fixer les termes et les conditions de rachat.

Une adhésion plus formelle encore, si possible, est donnée l’année suivante au principe du tunnel et, fait bien digne de remarque, c’est, cette fois, sous l’impulsion du « Board of Trade » lui-même et par l’initiative de lord Granville que la question est reprise. Le 23 juillet, il croit nécessaire d’indiquer à lord Lyons le langage qu’il devra tenir, s’il vient à être interrogé sur les