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comme la courbe augmente aussi les difficultés de traction et s’oppose au passage en vitesse, aux courbes de 15 à 20 mètres d’une route ordinaire il faut substituer des courbes ayant un rayon minimum de 250 à 300 mètres qui, pour les grandes lignes, doivent s’élever à 800 et 1 000 mètres pour permettre les grandes vitesses.

On conçoit que, dans ces conditions, il faut absolument traverser les montagnes au lieu de les contourner ; c’est de cette difficulté qu’est né ce qu’on pourrait appeler l’art des souterrains et des tunnels.

Aujourd’hui, on en fait un peu partout. Après les premiers tunnels qui ont été construits, vers 1840, par Brunel, sous la Tamise, les premiers chemins de fer ont donné lieu à la construction d’un nombre considérable de souterrains. Quelques-uns d’entre eux ont donné lieu à des travaux énormes et extrêmement difficiles, non seulement par suite de la longueur du souterrain, mais encore par suite de la nature des terrains traversés ; tel le Semmering, dont la longueur est de 1 430 mètres, celui du Mont-Cenis qui a une longueur de 12 kilomètres, celui du Saint- Gothard qui en a 15, celui de l’Arlberg qui en a 11, celui du Simplon qui en a près de 20, celui du Loetschberg qui en a près de 14.

Une fois le tracé du tunnel déterminé, il faut passer dans le terrain tel qu’il existe. On le connaît plus ou moins bien ; on s’y avance d’abord par une petite galerie, appelée galerie d’avancement, derrière laquelle on élargit le tunnel pour l’amener à sa section définitive par échelons successifs ; on se heurte aux difficultés les plus variées et souvent considérables par suite de la nature du terrain, de l’invasion des eaux, de la température, etc.

Le problème sera tout différent pour le tunnel sous la Manche. C’est qu’en effet la première question à résoudre est d’adopter un tracé qui place le tunnel dans une couche de terrain solide et imperméable dans laquelle on n’ait pas à redouter l’invasion de la mer. On savait depuis longtemps que des tunnels de cette nature et d’une longueur même considérable avaient été créés sous la mer.

Les mines d’étain ou de cuivre de Cornouailles s’étendent loin sous la mer, sans que les flots les envahissent. Sur la côte de Cumberland où s’exploitent des couches de charbon, plusieurs