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pénétration sous-marine dans cette couche et, sous la direction de son éminent directeur des travaux, M. Breton, qui s’est fait une si grande réputation, tant comme géologue que comme exploitant de mines, et dont on peut dire que la structure des terrains boulonnais n’a plus de secret pour lui, elle a, de 1875 à 1883, poursuivi des études directes destinées à la renseigner sur la position et sur la nature des couches sous-marines.

Ces travaux ont consisté à creuser à Sangatte, sur le rivage, jusqu’à une profondeur de 60 mètres environ au-dessous du niveau de la mer, un puits de grand diamètre, et à faire partir du fond de ce puits une galerie d’études de 2m, 14 de diamètre pénétrant dans la couche de craie grise jusqu’à une longueur qui a atteint 1 840 mètres sous la mer. On ne connaît pas assez l’importance de ces travaux : il y a encore aujourd’hui, à Sangatte, une véritable usine, en excellent état, comprenant deux machines à vapeur de 300 chevaux, des compresseurs d’air, un puits avec chevalement, des pompes d’épuisement puissantes, etc. C’est avec tout cet outillage, religieusement gardé, qu’a été creusée cette galerie d’études qui a démontré : d’une part l’imperméabilité à peu près complète de la couche, sa dureté, sa position avec son inclination vers le Nord-Nord-Est ; et d’autre part la possibilité d’y pénétrer avec un avancement qui s’est constamment accru jusqu’à atteindre près de 400 mètres par mois, au moyen de la machine perforatrice imaginée par le colonel Beaumont. Ce chiffre serait certainement dépassé de beaucoup encore avec les nouveaux perfectionnemens qui ne manqueront pas d’être apportés aux machines perforatrices.

J’ajouterai que les belles et consciencieuses études poursuivies par M. Breton depuis plus de vingt-cinq ans, dans le Boulonnais et dans le Kent, ont constamment montré des couches de craie sans dislocation et sans faille, des ploiemens à grande courbure et jamais de cassures.

Cette opinion est confirmée par les études si intéressantes et si remarquables de MM. Barrois, Olry, Gust. Dollfus, Gosselet, etc.

C’est l’opinion très nette des géologues anglais Prestwich, Topley, Jukes Browne, et aussi de l’un des plus illustres d’entre eux, sir Archibald Geikie, le savant directeur de la carte géologique d’Angleterre, qui me disait, — en examinant avec moi le