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Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 17.djvu/565

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l’Angleterre une couche d’épaisseur suffisante de craie dure, imperméable et sans failles, dans laquelle on pourra loger le tunnel sans aucune crainte d’inondation ; étant donné que la nature même de la couche rencontrée rendra le percement facile, beaucoup plus facile qu’il ne l’a été lorsqu’on a percé les souterrains du Saint-Gothard, du Simplon, du Mont-Cenis, etc., les seules difficultés réelles consisteront ici, surtout et d’abord, dans les moyens à employer pour tracer le tunnel et le maintenir dans la couche où il doit être placé, ensuite pour exécuter l’attaque avec les évacuations des déblais dans des conditions de rapidité et de prix qui ne soient pas trop considérables.

La première chose à faire est de déterminer le profil en long du tunnel. Le tunnel partira de la côte en un point situé au-dessus du niveau de la mer, pour descendre, vers le milieu du détroit, à une profondeur qui le placera à environ 95 mètres au-dessous de ce niveau.

La nécessité d’adopter ce profil entraînerait de graves inconvéniens si, malgré l’imperméabilité de la couche, des infiltrations se produisaient. Les eaux viendraient s’accumuler au milieu du détroit, et il serait très difficile de les évacuer malgré les moyens puissans de pompage dont on dispose aujourd’hui.

C’est pour éviter cet inconvénient que nous avons pensé, avec M. Breton, qu’il convient d’adopter une galerie d’écoulement indépendante du tunnel lui-même. Cette galerie d’écoulement partirait de la côte, en un point bas situé à environ 120 mètres au-dessous du niveau de la mer, pour remonter vers le milieu du détroit et y rencontrer le tunnel lui-même. Les eaux seraient conduites tout naturellement dans cette galerie, viendraient s’accumuler au fond du puits ou des puits creusés près de la côte et seraient remontées et rejetées à l’aide de pompes puissantes.

La galerie d’écoulement d’un côté, la galerie formant le tunnel de l’autre, qui se rencontrent vers le milieu du détroit, s’éloignent de plus en plus, en plan et en hauteur, au fur et à mesure qu’on se rapproche de la côte, la galerie plongeant pendant que le tunnel remonte et, en raison de la pente générale des couches vers le Nord, le tracé de la galerie s’infléchissant de plus en plus vers le Nord, pendant que le tunnel s’infléchira de plus en plus vers le Sud.

Cette galerie d’écoulement aura d’ailleurs bien d’autres avantages :