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à laquelle trois voies ferrées, dont l’une toute centrale, la rattachent ou vont la rattacher. »

D’un autre côté, si les circonstances conduisaient l’Angleterre, comme il y a cent ans, à envoyer un corps expéditionnaire sur le Continent, soit pour protéger des indépendances menacées, soit pour secourir un allié et maintenir l’équilibre européen, ces forces expéditionnaires pourraient être transportées sans inquiétude par le tunnel, sans immobiliser une partie de la flotte à la protection des transports. Enfin, comme l’écrivait sir Arthur Conan Doyle dans un article très intéressant et très remarqué publié dans The Fortnightly Review : « Si, malgré son invraisemblance, une attaque soudaine était tentée et si les forces du pays paraissaient insuffisantes, un renfort franco-anglais pourrait être amené du Continent. Les Allemands ont fait le canal de Kiel en prévision de la guerre. Notre réponse doit être le canal sous la Manche qui nous liera davantage à notre alliée. »

Au double point de vue politique et militaire, l’exécution du tunnel sous-marin est une œuvre de sécurité nationale en même temps que d’influence politique dans le concert européen.

Aussi, pouvons-nous espérer que l’Angleterre ne fera pas attendre trop longtemps son adhésion à cette grande œuvre dont les conséquences commerciales, économiques, politiques et militaires seront très considérables. L’isolement ne convient pas plus aux nations qu’aux individus. Les peuples ont tout intérêt à se connaître, à se comparer, à se pénétrer. C’est la plus sûre garantie de leur développement matériel, intellectuel et moral et, nous pouvons peut-être le dire, de leurs sentimens pacifiques.


ALBERT SARTIAUX.