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leur orangé égale 0,6 μ. Dans ces conditions, la longueur d’onde des rayons infra-rouges les plus lents aujourd’hui connus, est 314 μ environ et celle des ondes hertziennes les plus courtes qu’on ait su produire est 2 000 μ ou 2 millimètres. Pour avoir une idée concrète des grandeurs relatives de ces longueurs, on peut les supposer amplifiées un million de fois : les ondes violettes extrêmes auront alors -40 centimètres de longueur, les rouges 80 centimètres, les infra-rouges extrêmes 310 mètres et les hertziennes les plus courtes 2 000 mètres.

Un premier fait suffit à prouver qu’il y a au delà du violet d’autres radiations : c’est que, lorsque divers individus observent le spectre solaire produit par un prisme, ils ne le voient pas tous se terminer au même endroit dans le violet ; pour les uns, celui-ci s’étend beaucoup plus loin que pour les autres. Cela doit tenir à l’inégale sensibilité des diverses rétines, et aussi à la nature plus ou moins absorbante et variable des milieux de l’œil. Il est très probable, — bien que j’ignore si cela a été vérifié, — que l’ablation du crislallin, telle qu’on la pratique par exemple dans la cataracte, doit prolonger la visibilité du spectre dans le violet. Mais là où l’œil devient impuissant, la plaque photographique, cette « rétine du savant, » comme l’appelait Janssen, se montre au contraire d’une extrême sensibilité. Dès qu’on eut photographié le spectre, on aperçut que les rayons les plus vifs à l’œil n’étaient nullement les plus propres à noircir les sels d’argent : les rouges, les jaunes et les verts étaient à cet égard bien moins agissans que les bleus et surtout les violets, et, au delà de ceux-ci, la plaque était impressionnée sur une grande étendue par des rayons nouveaux.

En photographiant le spectre solaire dans nos régions, on constata qu’il s’étend dans l’ultra-violet jusque vers la longueur d’onde 0,30 μ. Dans les conditions ordinaires, il est impossible de francliir cette limite. Pourquoi ? Est-ce que le rayonnement du soleil ne comporte pas d’ondes plus courtes ? Non, car on sait maintenant qu’il en émet au contraire et d’une façon intense ; cela résulte de diverses constatations et notamment de celle-ci : que les corps incandescens émettent, comme nous l’avons déjà expliqué au cours d’une chronique précédente, une proportion d’autant plus grande de rayons de courte longueur d’onde qu’ils sont à une température plus élevée. Celle du Soleil dépasse de beaucoup la température des sources terrestres dont on a pu tirer cependant des ondes beaucoup plus courtes que celles que nous recevons de lui : si donc les rayons solaires photographiables ne s’étendent pas au delà de 0,30 μ c’est que notre atmosphère les absorbe et les empêche d’arriver jusqu’à nous. Cette explication a été