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l’une et l’autre s’expliquent clairement. Sans entrer dans trop de détails techniques, nous pouvons résumer de la façon suivante le mécanisme maintenant probable de ces faits qui semblèrent d’abord si mystérieux et si bizarres : l’atome matériel qu’on avait cru longtemps insécable et compact, parce que la chimie ne savait pas le dissocier, est en réalité très semblable à un système solaire en miniature avec cette différence que c’est l’électricité et non l’attraction gravitationnelle qui maintient dans leurs orbites les astres minuscules qui le composent. Au centre de l’atome se trouve un corpuscule relativement gros, chargé d’électricité positive et qui est le soleil du système ; autour de lui gravitent à des vitesses vertigineuses des planètes infimes, des particules plus petites, chargées d’électricité négative (de telle sorte que l’ensemble de l’atome est électriquement neutre). Ces particules négatives sont les électrons, elles sont identiques aux corpuscules cathodiques. Lors donc que la lumière ultra-violette tombe sur certains atomes à stabilité restreinte, l’agitation produite par la fréquence prodigieuse des vibrations incidentes agit dans l’intérieur de l’atome, comme ferait une étoile lointaine traversant soudain le système solaire : elle le disloque et le désintègre en partie, et d’autant plus facilement que le corps étudié est chargé négativement, c’est-à-dire contient un excès d’électrons qui ne sont équilibrés par rien. Un certain nombre de ceux-ci échappe alors à l’action attractive des corpuscules positifs et s’élance dans l’atmosphère sous forme de rayons cathodiques. Mais à mesure qu’elle perd ainsi son électricité négative, la lame métallique garde un excès de charge, positive exactement égal à la charge négative perdue. Cette charge en vertu de l’attraction des électricités contraires, s’oppose énergiquement et de plus en plus à l’arrachement des électrons, et en l’absence d’un champ électrique auxiliaire, l’émission photo-électrique finit par s’arrêter jusqu’à ce que le repos, qui permet le brassage incessant des molécules métalliques entre elles et leur contact prolongé avec le milieu extérieur électriquement neutre, ait ramené la surface du métal à son état de fraîcheur première. Ainsi s’explique simplement à la fois l’action photo-électrique de l’ultra-violet et la fatigue électrique des métaux.

L’effet Hertz est d’ailleurs en général d’autant plus intense qu’il est produit par des ondes ultra-violettes plus courtes, c’est-à-dire plus précipitées, et les rayons cathodiques produits sont d’autant plus rapides que les ondes incidentes sont plus courtes. Enfin on a découvert qu’en outre des métaux, beaucoup d’autres corps subissent également cet effet. Sur l’eau et les solutions salines il est