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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le voyage que M. le Président de la République vient de faire dans une partie de la France a pleinement réussi : l’immense concours de population qu’il a provoqué, la sympathie chaleureuse qui se dégageait de ces foules, les applaudissemens qui ont retenti partout sans interruption montrent une fois de plus que le pays attend beaucoup de M. Poincaré. Il est populaire ; on ne salue pas seulement en lui le président de la République ; l’homme même agit sur l’imagination par une de ces grâces mystérieuses dont nous avons déjà eu quelques exemples. Il y a là une force qu’il faut ménager et nous dirions volontiers économiser pour être utilisée à propos, mais qu’il faut aussi entretenir, ce qui ne peut se faire sans quelques manifestations extérieures. La juste mesure, ici comme en toutes choses, est la condition d’un long succès. Quoi qu’il en soit, ce premier contact de M. Poincaré avec nos populations méridionales a été pour lui un vrai triomphe et pour nous un gage d’avenir.

On avait annoncé que M. le Président de la République voyageait en simple touriste, avec le minimum de protocole possible, mais c’est une intention qu’il est plus facile de concevoir que de réaliser. Bon gré mal gré, le caractère officiel du personnage impose à lui comme aux autres des obligations impérieuses. M. Poincaré s’y est prêté ; il a prononcé un grand nombre de discours ; il a dit un mot aimable à chacun ; il a loué l’une après l’autre les régions qu’il traversait et dont il avait l’air de découvrir pour la première fois les merveilles, quoiqu’il les connût déjà sans doute, et c’est ainsi que, paraissant toujours charmé lui-même, il a laissé partout un charmant souvenir. Ses discours ont été ce qu’ils devaient être. Le Président est en dehors et au-dessus des partis : cela lui a permis de dire que, dans la