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qui suivit la mort de Louis XV, Gabriel avait demandé à se retirer du service des Bâtimens. Cette mesure, qui eut son effet au premier janvier suivant, permit de confier à des mains nouvelles la réalisation des projets de Marie-Antoinette. Mique fut nomme intendant et contrôleur général des Bàtimens de la Reine, ce qui introduisait dans les nomenclatures de l’Almanach royal un titre fort singulier et une division de services assez capricieuse. Une volonté féminine les avait imposés à l’abbé Terray, qui n’avait pas fait la moindre résistance. L’architecte fut dès lors le maître de ses travaux, échappant, au moins pour un temps, au contrôle de l’administration des Bâtimens du Roi, dirigée par le comte d’Angiviller. Né à Nancy en 1728, d’un père architecte, Richard Mique était un de ces Lorrains bien vus du roi Stanislas, qui avaient bénéficié des faveurs spéciales de sa fille, Marie Leczinska. Il fut traité de même par la nouvelle souveraine, à qui Marie-Thérèse recommandait les anciens sujets de sa maison. Ayant quitté la Lorraine, il borna longtemps son ambition à obtenir le poste de premier architecte des bâtimens construits par Stanislas et auxquels il avait travaillé. Ce poste, vainement sollicité au temps de Marigny, n’ayant pas été créé, Marie Leczinska employa Mique à Versailles et lui fit construire le magnifique couvent des Ursulines, dont elle dota la ville royale ; les parties conservées de cette maison sur l’avenue de Saint-Cloud, dans le lycée Hoche d’aujourd’hui, témoignent encore des talens de l’artiste. Marie-Antoinette l’avait donc hérité de la feue Reine ; mais il pouvait faire valoir aussi sa parfaite connaissance du genre nouveau dans les jardins et des diverses résidences lorraines aménagées suivant le goût chinois.

Mique était lié avec Hubert Robert, peut-être par leur commune origine provinciale. Si l’on ne trouve nulle part, dans les comptes relatifs à Trianon, le nom du paysagiste, il ne s’ensuit pas qu’on doive le croire étranger à ces travaux. Protégé par M. d’Angiviller, il était, à ce moment même, occupé dans Versailles à réaliser le projet du rocher des Bains d’Apollon, où devait être mis le fameux groupe de Girardon, Apollon servi par les Nymphes ; il est impossible qu’il n’ait pas donné ses avis pour les motifs pittoresques qu’on voulait introduire à Trianon et pour lesquels il était, nous dit-on, « l’homme en vogue. » Au reste, un élève de Mique, l’architecte Fontaine, destiné à devenir plus célèbre que son maître, assure que « la Reine consulta