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l’occasion d’un concours ouvert par la Ville de Paris, préconisait, dans un remarquable mémoire adressé au Service des Eaux, l’action de la lumière ultra-violette pour l’épuration des eaux de rivière. Naturellement, le mémoire fut mis au panier : il ne convient pas d’être trop en avance sur son temps. Mais c’est seulement ces toutes dernières années, depuis l’invention de la lampe à vapeur de mercure, que la question est réellement entrée dans la pratique. Parmi les travaux les plus importans à ce sujet, il faut citer surtout ceux de de Mare, ceux très remarquables de Courmont et Nogier, qui ont les premiers réalisé la stérilisation ultra-violette de grandes quantités d’eau ; ceux de Victor Henri et Stodel, etc.

Parmi les procédés antérieurement les plus répandus pour assurer l’épuration des eaux, le filtrage est un des plus économiques, et c’est lui qu’emploie encore à peu près exclusivement la Ville de Paris. Mais il n’assure qu’une stérilisation très incomplète. On a essayé aussi dans certains cas d’urgence, — et notamment durant l’été de 1911, — des purifications chimiques, mais elles laissent dans l’eau des produits qui ne sont pas sans inconvéniens, et les Parisiens n’ont sans doute pas oublié le goût prononcé d’eau de Javel qu’eut il y a deux ans l’eau soi-disant potable qui coulait de leurs robinets. En fait, il n’existe guère à l’heure actuelle que deux procédés stérilisant les eaux dans des conditions pratiques et sans altération : le procédé par l’ozone produit électrochimiquement et le procédé par l’ultra-violet. Du premier qui sort du cadre de cette chronique nous dirons seulement qu’il a fourni des résultats très favorables qui lui permettent, sans qu’on sache lequel l’emportera, d’entrer en balance avec le second. Il se peut d’ailleurs que l’un et l’autre aient un avenir également brillant, et que les progrès de l’un entraînent les progrès parallèles du second, comme il est arrivé dans la lutte pour l’éclairage entre le gaz et l’électricité.

La lampe à vapeur de mercure stérilise à peu près instantanément l’eau sous une épaisseur de 30 à 50 centimètres. Dans ces conditions, des eaux qui contiennent jusqu’à 1 million de colibacilles par centimètre n’en contiennent plus un seul après une minute d’exposition. Certains microbes qui sont susceptibles de résister à l’ébulHtion de l’eau contenue pendant plusieurs heures, comme le Bacillus mesentericus, sont tués presque instantanément. Cela suffirait à prouver que la chaleur des rayons ultra-violets n’est pour rien dans leur action. On peut d’ailleurs calculer que l’énergie de ces rayons lorsqu’ils stérilisent l’eau serait à peine capable d’élever sa température d’un cent-millième de degré (Victor Henri). L’ultra-violet ne modifie aucunement par