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Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/239

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scolaires et celle de M. Baudin sur le salut du Vendredi-saint : ce sont les deux crimes inexpiables que le gouvernement a commis et que le congrès a relevés. « Considérant, dit-il, qu’une circulaire du ministre de l’Instruction publique, président du Conseil, a livré le contrôle de l’école nationale au clergé romain ; considérant qu’une circulaire du ministre de la Marine a rétabli une cérémonie cultuelle dans un service de l’État, première atteinte à la loi de séparation ; considérant que, malgré les termes formels de l’ordre du jour du congrès de Rouen qui a condamné la politique d’apaisement, des membres du parti n’ont pas craint d’apporter leur concours à ce gouvernement qui ne se maintient qu’avec l’appui de la réaction, le congrès renouvelle ses décisions antérieures et invite les membres radicaux et radicaux-socialistes du Cabinet actuel à choisir entre leur collaboration ministérielle et leur affiliation au parti. » Voilà, certes, une mise en demeure formelle : qu’en est-il résulté ? Rien : les membres radicaux et radicauxsocialistes du ministère sont restés ministres et continuent tout de même d’appartenir au parti. Faut-il juger par là de l’importance des autres décisions du congrès ? Nous le voudrions, mais il serait téméraire de le faire. Après toutes les déclamations qui ont été déchaînées contre elle, comment croire que la liberté de l’enseignement ne coure aucun danger ? Quant à l’impôt sur le revenu, jamais il n’avait été plus menaçant. Pour ce qui est enfin de la loi militaire, le congrès a déclaré que, « foncièrement attaché au principe de la loi de 1905, il inscrivait au premier rang de son programme l’organisation des réserves, la préparation militaire de la jeunesse et le retour à la loi de deux ans. » Cela donne du temps.

Nous avons lu, dans notre vie, un si grand nombre de professions de foi, de déclarations ministérielles, de motions dont il est résulté peu de chose, que, tout en prenant au sérieux quelques-uns des votes du congrès de Pau, nous n’en prenons aucun au tragique. Le véritable objet du congrès n’était pas là : il était, à la veille des élections générales, dans la nomination des membres du comité exécutif du parti et surtout de son président. Quel serait ce président ? Le choix qu’on ferait avait, dans les circonstances actuelles, une grande importance. Trois candidats étaient en présence : MM. Debierre, Pelletan et Caillaux. Les deux premiers ont prononcé de grands discours, le troisième n’a rien dit : il eut le prix tout de même, comme dans la chanson. Ce n’est pas un succès pour M. Combes. Les cliiffres mêmes des voix obtenues par les divers candidats montrent à quel point le parti éprouve le besoin de se renouveler : M. Caillaux a obtenu 157 voix,