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joie de ma vocation grandit tous les jours ; c’est le Magnificat qui est ma plus chère prière. » La semaine dernière, elle m’écrivait : « Si vous saviez quelle joie chaque fin de jour m’apporte, quand je réfléchis qu’il n’y a rien eu pour moi dans ce temps qui vient de passer ; que mon plaisir n’y a tenu aucune place ; que, par toutes ces occupations bien simples en elles-mêmes, je travaille aussi activement que je le puis à établir le règne de Dieu dans mon âme, et peut-être à le préparer dans quelques autres âmes ! Non, je ne puis vraiment l’exprimer, tant cela est vif dans mon cœur, tant cela va toujours en se développant. » Et maintes fois : « Toute l’activité de mes facultés, de mon âme, est maintenant reportée vers les choses de l’autre vie. Celles que je ferai dans cette vie n’auront jamais aucun mérite ni éclat particulier, car faire des classes, soigner des enfans, sont des choses très ordinaires en elles-mêmes. Mais ce qui en fait le parfum, c’est la pensée de Celui pour lequel chacun des momens de mes journées est employé. C’est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui remplit et anime mon cœur. Je ne chercherai plus d’autres relations, d’autres connaissances que celle de ce Maître adorable qui m’est apparu avec cet éclat et cet attrait auquel je n’ai pu résister. »

J’aime à vous citer ces preuves de la transformation surnaturelle qui s’est opérée dans cette Catherine que vous avez vue, il y a deux ans, si gaie, si pimpante, si en train du monde, du bal, de la Hongrie, de tous les attraits de la vie du siècle. Elle a du reste conservé son caractère animé et un peu ironique ; elle a voulu absolument avoir tout ce qu’il y a de plus beau en dentelle, en étoffe, pour sa robe de noce. « Vous pouvez bien me faire ce plaisir, écrivait-elle à sa mère, puisque c’est la dernière fois que vous aurez à vous occuper de ma toilette, et qu’après celle-là, depuis le 26 octobre 1863, jusqu’à mon dernier jour, une robe de mérinos noir de la même forme et de la même étoffe en fera tous les frais. »

Soyez bénie, très chère, de la bonne pensée que vous avez eue de vous unir à moi, en ce terrible jour, par la sainte communion. J’espère bien que je pourrai aussi, ce jour-là, m’approcher sans indignité de la Sainte Table, et ce sera pour moi une vraie consolation que de pensera vous et à votre affectueuse sympathie, au moment suprême.

Notre pauvre ami Falloux est toujours cruellement souffrant ;