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conseil par excellence. L’évêque d’Orléans est aussi venu deux ou trois fois pour l’Académie, pendant mon séjour ici.. C’est lui qui recevra la profession de ma Catherine, le 27 octobre prochain, après ses deux ans de noviciat révolus. Après quoi, il viendra passer un mois à la Roche-en-Breny dont la solitude et le climat sec lui font du bien...

Adieu, chère Comtesse, je vous baise la main avec une tendre reconnaissance pour votre fidèle et franche amitié. Soyez toujours de même pour moi.


La Roche-en-Breny (Côte-d’Or), ce 13 décembre 1865.

Très chère Comtesse, de toutes les marques si nombreuses et si précieuses d’amitié dont vous m’avez comblé, aucune n’a pénétré plus avant dans mon cœur que votre chère et charmante lettre du 20 octobre. Imaginez-vous qu’elle ne m’est arrivée que juste la veille du grand jour dont vous me parlez en termes si affectueux et si élevés. Je ne suis revenu de mon voyage en Espagne que pour la solennité des vœux de Catherine. Ma femme et ma fille sont venues d’ici me rejoindre à Paris, en me rapportant votre lettre, de sorte que j’ai pu la lire à notre Catherine dès le lendemain, après la cérémonie. Elle a été presque aussi touchée que moi et m’a bien chargé de vous remercier pour elle comme pour moi. Maintenant, j’ai hâte de vous dire, chère et vraie amie, que, par une grâce d’en haut, aussi imprévue que bénie, j’ai traversé cette épreuve, non seulement avec résignation, mais avec une paix complète, je dirai presque avec une joie surnaturelle. Ici, à la campagne, où le vide irréparable qu’a laissé dans notre intérieur cette enfant de bénédiction se fait sentir le plus vivement, je supporte moins patiemment cette cruelle privation : mais, dans cette chapelle du Sacré-Cœur, où votre affectueuse sympathie vous a transportée par la pensée, je voyais en quelque sorte le paradis entrouvert, tant la joie de Catherine était radieuse, tant elle rayonnait sur nous tous. Vous aviez bien raison de dire que Dieu m’a envoyé deux anges gardiens sur la terre, dans la personne de l’évêque d’Orléans et de ma Catherine. Vous ne sauriez croire le bien qu’elle me fait par ses lettres qui sont aussi fréquentes que le permet la règle, de sorte que je puis vivre avec elle dans un échange constant de confidences spirituelles de ma part et d’avis utiles et consolans de la sienne. Je croyais l’aimer