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PAUL THUREAU-DANGIN
(1837-1913)

L’HOMME ET L’ŒUVRE

Paul Thureau-Dangin, mort, il y a quelques mois, secrétaire perpétuel de l’Académie française, ignora toujours l’art contestable de flatter les opinions ou les goûts de la foule. Il ne chercha point à étendre ses relations au delà d’un cercle restreint d’amis très chers et très sûrs. Journaliste, il s’attacha à défendre des idées encore plus que des hommes, à continuer d’une plume acérée à l’occasion, mais irréprochablement courtoise et correcte, les traditions de la presse de doctrine. Historien, il aborda des sujets graves, qui avaient sans doute leur intérêt présent, mais qui ne lui furent jamais désignés par le caprice de la vogue. Aussi demeura-t-il assez longtemps en butte à la frivole indifférence ou même aux désobligeantes préventions de ce que l’on est convenu d’appeler le « grand public. » Tel est pourtant, même à notre époque trop calomniée, l’ascendant de la dignité du caractère, de la noblesse du talent, de la fermeté tolérante des convictions, de l’assiduité au travail, que sa carrière, entourée en ses dernières années de la plus enviable notoriété, s’est achevée au milieu des regrets de quiconque l’avait approché, du respect de ceux-là mêmes qui n’avaient fait que feuilleter ses livres ou entrevoir sa silhouette dans les solennités académiques, il peut y avoir quelque intérêt, pour le bon renom de