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REVUES ÉTRANGÈRES

A PROPOS DU SIXIÈME CENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE BOCCACE[1]

Boccace n’était pour moi rien de plus qu’un nom, — et des moins sympathiques, en vérité, — lorsque, il y a une vingtaine d’années, le désir de connaître certaines fresques de l’école siennoise me conduisit au bourg montueux de Certaldo, situé dans le Val d’Eisa, à mi-chemin environ entre Pise et Sienne. Ce fut là que, dans la vénérable église Saint-Michel et Saint-Jacques, la rencontre du tombeau de Boccace me révéla, pour ainsi dire, l’existence réelle du célèbre conteur italien. J’aperçus tout d’un coup, se dressant dans une sorte de niche en demi-cercle, au-dessus de deux épitaphes de marbre superposées, la vivante et inoubliable figure d’un gros homme encapuchonné dont le visage, assez vulgaire au demeurant avec ses petits yeux et ses lèvres épaisses, reflétait cependant un mélange tout particulier

  1. Ai-je besoin de rappeler, à l’occasion de ce centenaire, le livre charmant que M. Henry Cochin a naguère consacré à l’étude de la vie et de l’œuvre du grand conteur florentin, comme aussi les savantes recherches de M. Henri Hauvette touchant divers points obscurs de la biographie de Boccace ? En Italie même, l’autorité de ces travaux français est considérable ; et l’ouvrage nouveau de M. Torraca, dont je parlerai tout à l’heure, les cite pour le moins aussi souvent que le livre italien de M. R. della Torre sur la Jeunesse de Boccace (Librairie Lapi, Citta di Castello, 1905). J’ajouterai que, d’autre part, un « humaniste » anglais, M. Edward Hutton, a publié récemment, chez l’éditeur John Lane, un magnifique volume de plus de 400 pages où se trouvent recueillis et excellemment interprétés tous les documens biographiques et critiques relatifs à l’auteur du Décaméron. Son Giovanni Boccaccio nous a enfin apporté une étude d’ensemble qui manquait, jusqu’à présent, dans l’histoire de la littérature italienne ; pour ne rien dire de l’attrait supplémentaire des instructives et amusantes images dont il est rempli.