Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/506

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et à me fournir de lui-même une idée apaisante. Courtoisie, conciliation, clarté d’esprit, rapidité, et puis, il faut le dire, exclusif désir de ne pas donner prise : je ne chicane pas les mérites du politique parlementaire ; mais que son registre est court, que ses victoires sont petites et mesquines !


IV
LA LEÇON D’UN VIEIL HYMNE

Je garde une impression d’étonnement et de tristesse mêlés d’avoir vu cet homme, si merveilleusement net et prudent, ainsi arrêté, empêché, s’interdisant toute flamme. C’est pénible de voir un être en pleine vie et un spécimen notable d’humanité, privé à ce point de spiritualité. Ah ! quel homme !

Les églises de village, considérées comme un centre de rendez-vous pour les paysans qui veulent discuter et régler leurs affaires, voilà donc l’idée de celui qui gouverne la France ! Voilà tout au moins l’idée derrière laquelle il doit s’abriter, s’il veut tout ensemble les ménager et satisfaire sa majorité ! Eh bien ! c’est une idée qui manque d’ampleur, et non seulement du point de vue philosophique, mais du point de vue politique où j’entends bien que l’on veut se tenir dans le cabinet de la place Beauvau.

Vraiment, pendant que nous causions l’autre jour, j’aurais dû essayer de faire entendre à M. Briand ce qu’est une église aux yeux de l’Église. Je ne suis pas plus grand clerc que lui, mais j’ai pris la peine de me renseigner.

Je me rappelle un jour d’été que je me promenais à Clermont-Ferrand avec mon ami dom Pastourel. Nous venions de visiter pour la dixième fois la noble maison de Bien-Assis où l’on touche et respire la vie même de Pascal, et qui maintenant, me dit-on, n’est plus guère abordable, tant les fabriques de Michelin l’enserrent et la submergent, et, tandis que nous remontions en ville, mon cher compagnon me disait :

— Vous saurez tout ce que vous voulez savoir des églises, si vous lisez l’office de la dédicace. C’est l’ensemble des cérémonies auxquelles on procède pour dédier un édifice au culte, pour le rendre sacré, de profane qu’il était. Surtout, lisez avec soin