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C’est une nouvelle Jérusalem qui vient du ciel,
préparée pour le lit nuptial,
afin qu’elle soit épousée
et embrassée par le Seigneur.


Comment peut-on pénétrer dans cette maison, dans cette société, dans cette Jérusalem céleste ? La strophe troisième va nous le dire. Ils ont leur entrée de droit, tous ceux qui souffrent au nom du Christ. Cette condition, me faisait remarquer dom Pastourel, précise bien le caractère non ésotérique du christianisme. Notre religion ne contient rien qui doive rester le privilège de quelques initiés. A cet égard, elle est tout le contraire des anciennes religions grecques et orientales où l’adytum, la cella était réservée à une élite, le péristyle seul étant accessible au vulgaire. Chez nous, l’hymne le dit expressément, l’adytum est ouvert à tous.


Portæ nitent margaritis
Adytis patentibus ;
Et virtute meritorum
Illuc introducitur
Omnis, qui ob Christi nomen
Hic in mundo premitur.

Les portes brillent de pierres précieuses,
l’adytum est ouvert ;
tous ceux qui souffrent au nom du Christ
ont le droit d’y pénétrer.


Ces souffrances qui ouvrent l’accès de l’Église ont aussi présidé à sa construction. C’est à coups de marteau qu’un ouvrier façonne, appareille les pierres, et c’est encore sous le marteau que le divin ouvrier façonne, appareille les âmes. Les pierres et les âmes se perfectionnent sous la douleur, et c’est elle qui leur donne un rang dans la hiérarchie de l’édifice.


Tunsionibus, pressoriis
Expoliti lapides,
Suis coaptantur locis
Per manus artificis,
Disponuntur permansuri
Sacris ædificiis.