Renée Néré, cette héroïne de Mme Colette Willy, dans la Vagabonde et l’Entrave, je l’appelle ainsi, la nouvelle Marianne, en souvenir de la charmante fille dont Marivaux a raconté les aventures. Ce n’est pas la dénigrer. Le roman de Marivaux, un peu lent, peut-être un peu long, n’est-il pas un chef-d’œuvre ? Les deux romans de Mme Colette Willy, la Vagabonde et, suite de « la Vagabonde, » l’Entrave, en dépit de quelques défauts, les uns gracieux, les autres non, j’hésite à n’en pas dire autant.
Il y a de l’analogie et, malgré les apparences, beaucoup d’analogie entre Marianne et Renée. Les différences, on les devine. On les verra mieux, si l’on distingue aussi les ressemblances : et l’on apercevra certains caractères tout récens, — plusieurs, à mon avis, très dangereux, — de notre littérature.
Marianne était une petite enfant. Sur la route de Bordeaux, avec un gentilhomme et une jeune dame, un laquais et une femme de chambre, elle voyageait en carrosse. Des voleurs survinrent ; ils tuèrent tout le monde, excepté Marianne. Marianne fut recueillie par de bonnes gens. On ne sut pas et elle ne sut pas qui elle était, noble ou roturière, bâtarde ou légitime. Et la voici jetée dans le hasard. Renée, autre accident, a fait un mauvais mariage. Elle a quitté son mari, elle a divorcé. Et la voici jetée dans le hasard, elle aussi. Marianne, quand nous la connaissons, a une quinzaine d’années. Il
- ↑ La Vagabonde, roman, par Colette Willy (Ollendorff, éditeur) ; et l’Entrave, suite de « la Vagabonde, » par Colette Willy, — (Librairie des Lettres).