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moyens dont on disposait alors, les métrologistes veulent aujourd’hui une précision beaucoup plus grande. Ce n’est pas seulement une sorte de coquetterie supérieure qui les pousse à vouloir raffiner ainsi sur les infiniment petits. Nous venons de voir que les progrès de l’industrie mécanique sont étroitement liés à la précision des étalons métriques. En outre, les plus hauts problèmes scientifiques se rattachent parfois à un petit perfectionnement dans l’exactitude des mesures, à une décimale gagnée péniblement. On en pourrait citer mille exemples. L’un des plus curieux est la découverte de l’argon, ce gaz remarquable par son inertie chimique et qui se trouve mêlé en proportions assez notables à l’air atmosphérique. C’est en mesurant, avec une précision dont on s’était peu soucié avant lui, la densité de l’azote atmosphérique et celle de l’azote préparé chimiquement, que le grand chimiste anglais Ramsay fut amené à constater entre ces deux nombres une légère différence qui le conduisit à la découverte dans l’azote atmosphérique d’un gaz résiduel et nouveau qu’il appela l’argon.

On a naturellement songé à appliquer les nouvelles méthodes précises de la métrologie à la question suivante : les étalons prototypes restent-ils invariables ? Ces méthodes permettent actuellement de déterminer la longueur d’une règle à θμ, 1, c’est-à-dire à un dix-millième de millimètre près. Or les expériences faites récemment ont montré que les divers étalons prototypes du mètre en platine iridié n’ont pas subi, depuis leur construction, de variation supérieure à cette longueur, c’est-à-dire à un dix-millionième de mètre. Afin de pouvoir contrôler indirectement chaque fois qu’il sera nécessaire la permanence des étalons, on en construit aussi maintenant en quartz (substance extrêmement peu dilatable, comme nous l’avons expliqué dans une récente chronique).

Le fait que tout le système de mesures du monde est fondé sur la longueur d’une ou de deux règles qui peuvent disparaître, être détruites ou se modifier, a fait chercher depuis longtemps un moyen de reconstituer en toutes circonstances la longueur du mètre primitif par un phénomène naturel et sans avoir à refaire chaque fois la mesure du méridien terrestre, qui peut lui-même varie » dans le cours des âges. Les physiciens ont pensé finalement que le mieux serait d’exprimer la longueur du mètre au moyen des longueurs d’onde de la lumière des atomes, qui sont sans doute, parmi les phénomènes physiques, un de ceux dont la permanence est le plus probable. Nous avons déjà expliqué ici même que chaque gaz luminescent émet un certain