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Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/712

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relever et de soutenir la vérité comme la beauté chrétienne dans les esprits et les âmes, où, par tant d’autres moyens, une politique de haine en poursuit, mais, si nous le voulons, n’en consommera pas la ruine. Méditons les paroles, citées plus haut, du vieux théoricien espagnol, Domingo Duran. La musique « est constituée pour servir et louer Notre-Seigneur... Dans les sciences pratiques, il n’en est aucune qui dirige le cœur humain vers la charité et la contemplation autant que la musique. Elle est une science divine et humaine qui provoque les cœurs à l’amour de Dieu... Sans elle, on ne peut, en désirant avec zèle le service de Dieu, célébrer les offices avec la solennité et la perfection due... » N’avait-il pas raison, le docteur mystique, d’intituler son traité Lux bella, « la Belle Lumière ? » Il n’ignorait pas quel secours et quel honneur une musique vraiment pieuse apporte à la piété. Dans les deux catégories de l’art strictement religieux, ou d’église (chant grégorien et polyphonie vocale), il savait combien de chefs-d’œuvre viennent de Dieu et retournent, et ramènent à Dieu. Voilà juste dix ans, un autre, un bien autre docteur, n’a pas moins bien vu ni moins bien montré tout cela. Dans un document fameux, et qui rayonne aussi d’une « belle lumière, » le pape Pie X a déterminé le rapport entre certaine musique d’une part et, de l’autre, la croyance de l’Église et sa prière. En cet ordre privilégié, nulle musique ne l’emporte sur la musique de l’Espagne au XVIe siècle. Servante de Dieu seul, et non pas seulement interprète, mais auxiliaire merveilleuse de la foi et de l’amour, nulle n’est plus digne de l’attention de l’Église, de son étude et de sa faveur.


CAMILLE BELLAIGUE.