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n’est pas de nos messagers comme de ceux des autres universités qui ont leurs journées réglées. Les nôtres n’ont ni gages, ni privilèges, et, par conséquent, ils font leur voyage quand cela leur semble bon ; mais, pour cela, ils ne laissent pas d’être souvent à Paris, et sans une malchance extraordinaire il est malaisé qu’on aille au Fer-à-Cheval (rue Aubry-le-Boucher) sans y trouver quelqu’un. » Ce fut seulement à partir de 1653 que le port des « ordinaires, » facultatif depuis une vingtaine d’années, devint obligatoire pour les maîtres de poste ; obligatoire en théorie du moins, car le nouveau système mit cent ans à se généraliser : de Lyon à Marseille et à Montpellier, on ne commença que sous Louis XV, en 1741, à confier le service des malles de lettres aux maîtres de poste, tenus de fournir les chevaux nécessaires.

Jusqu’à la fin de la monarchie, bien que passagèrement réunies sous une direction unique, la poste aux lettres et la poste aux chevaux demeurèrent distinctes. Cette dernière, la seule dont nous nous occupions aujourd’hui, mit elle-même près de 150 ans à prendre corps : il était facile de nommer un conseiller, grand maître des coureurs de France, et de lui attribuer des gages de 64 000 francs, supérieurs, si tant est qu’ils aient jamais été payés, au traitement de notre ministre des Postes et Télégraphes ; mais il l’était beaucoup moins, au XVe siècle, d’établir, d’un trait de plume, « de 4 en 4 lieues, personnes séables pour entretenir 4 ou 5 chevaux de légère taille, bien enharnachés et propres à courir le galop. » Ces maîtres de poste, tenus de monter en personne, devaient être payés sur le pied de un franc par kilomètre « pour chaque cheval qu’ils bailleront, y compris celui de la guide qui conduira le courrier. »

Le tout demeura sur le papier durant quelque cent vingt ans. Avant les soi-disant Postes de 1464, il y avait déjà des « stations de gîtes » confiées à des « Maîtres tenant les chevaux courant pour le service du Roi. » Ces « chevaucheurs de l’écurie, » si l’on admet que les deux titres fussent synonymes, auraient augmenté sous Louis XI, puisqu’ils étaient, en 1483, au nombre de 234 portant les armes royales en enseigne sur l’épaule. Réduits à 120 sous Charles VIII et Louis XII, ils avaient pour chef le valet de chambre Jean du Mas, seigneur de Saint-Hilarion, qualifié de « contrôleur général des postes. »

Brusquet, le bouffon de Henri II, commandait à un personnel