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apparaît singulièrement téméraire quand on songe à la faiblesse numérique de ses forces et aux risques qu’il aurait à courir si, réussissant à déborder l’armée de Weimar, il ne parvenait pas ensuite à communiquer avec Anvers. Mais cette opération se trouvait conforme aux volontés de l’Empereur, qui précisément venait de lui faire écrire : « L’intention de Sa Majesté est que vous marchiez d’abord avec un corps volant de 4 à 5 000 hommes, que vous réunissiez successivement toutes les garnisons et que vous tombiez sur les derrières de l’ennemi[1]. »

Après avoir constamment refoulé les avant-postes de Hobe, les troupes de Maison dépassaient déjà le village d’Avelghem, quand la cavalerie prussienne vint attaquer leur tête de colonne. Cette cavalerie fut repoussée et ramenée battant jusqu’à Peteghem, localité que Hobe avait garnie d’un gros détachement d’infanterie muni de canon. Maison forma aussitôt en colonne à droite et à gauche de la route trois bataillons de la division Barrois, laissant la chaussée à sa cavalerie que précédaient deux pièces d’artillerie légère. En cet ordre, les troupes abordèrent l’ennemi qui, chassé de Peteghem, se reforma sur les hauteurs, entre ce village et Audenarde. Le général en chef fit alors avancer six pièces dans les intervalles des trois bataillons, qui continuaient à marcher en masse à distance de déploiement, des deux côtés de la route, et ordonna de battre la charge. Aux cris répétés de : Vive l’Empereur ! les fantassins de Barrois se ruèrent sur l’ennemi, qui, sans attendre leur choc, se retira précipitamment dans Audenarde.

Audenarde possédait encore des restes de fortifications qu’entourait un fossé profond en communication avec l’Escaut, dont les eaux inondaient alors toutes les avenues de la ville. Du côté par où les Français arrivaient, on ne pouvait pénétrer dans l’enceinte qu’au moyen d’un seul pont établi sur le fossé et d’une seule porte située immédiatement au-delà de ce pont Il était environ quatre heures lorsque Maison parut devant Audenarde. Ses troupes s’avançaient sur deux colonnes soutenues par le feu très vif de son artillerie. Malgré une chaude riposte de mousqueterie et de mitraille, le général en chef put reconnaître que Hobe avait creusé des tranchées dans les saillans des anciens ouvrages pour y abriter son infanterie et qu’il avait

  1. Le ministre à Maison, 2 mars 1814. — Archives historiques de la Guerre.