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Thielmann invitait Walmoden à diriger sur Audenarde les forces alliées concentrées à Alost[1].

Le 31 mars, vers six heures du matin, l’avant-garde ennemie commandée par le Prince de Wurtemberg[2]surprit le poste de Sweveghem, qui dut se replier. Les alliés commencèrent alors leur déploiement sur une hauteur, afin d’y former trois colonnes d’attaque. Ayant reconnu ces dispositions, Maison fit sortir aussitôt de la ville plusieurs pièces d’artillerie qui empêchèrent l’ennemi d’achever son déploiement. S’étant d’ailleurs assuré que les alliés arrivaient tous par la seule route d’Audenarde, le général en chef, voulant les rejeter dans le défilé par où ils étaient venus, résolut de les faire attaquer simultanément par les deux ailes tandis qu’il les refoulerait de front. Barrois reçut l’ordre de se porter directement de Harlebeke sur Sweveghem pour attaquer la droite de l’ennemi et lui couper la retraite, tandis que Solignac, partant de Belleghem, menacerait la gauche des alliés. La division Roguet, formée au centre, sur la chaussée d’Audenarde, aurait à les contenir pendant le mouvement des deux ailes et ensuite à les poursuivre. Castex tenait ses cavaliers prêts à soutenir Roguet. Comme en ce pays, par endroits très fourré, il n’était point possible de faire un long usage de l’artillerie, une fusillade très vive s’engagea bientôt sur toute la ligne. Les soldats de Maison abordèrent franchement l’ennemi et partout le culbutèrent en même temps. Comprenant alors que c’était, non point à la seule arrière-garde du 1er corps, mais au 1er corps en entier qu’il avait affaire, Thielmann ordonna sur-le-champ la retraite. Cette retraite allait se tourner en déroute. Écrasés sur leur front d’abord par la division Roguet, puis par les chasseurs du 2erégiment de la garde qui, sous les ordres de Castex et de Meuziau, sabrèrent les cuirassiers saxons et se ruèrent sur l’infanterie ennemie ; forcés de se défiler entre la division Barrois et la division Solignac, dont l’une des brigades, la brigade Penne, pressait vigoureusement leur gauche ; enfin débordés sur leur droite par la brigade Darriule, de la division Barrois, brigade qui s’était établie derrière eux sur la route d’Audenarde, les alliés s’éparpillèrent et prirent la fuite dans

  1. Opérations du 3e corps d’armée allemand sous les ordres du Duc de Weimar en 1814 : Relation de Plotho.
  2. Il s’agit ici, non point du Prince royal, mais vraisemblablement du Prince Paul-Charles-Frédéric-Auguste, second fils du roi de Wurtemberg.