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Des caisses, c’est très bien, mais que contiendront-elles ?

De lui-même, le Gouvernement n’y met rien, absolument rien du tout. J’ai le droit de m’en étonner ; j’ai le droit de lui demander une preuve de bonne volonté, puisque nous savons par un remarquable article paru dans la Revue de Paris et qui est dû à M. Paul Léon, l’un des hommes qui, au ministère de la rue de Valois, connaissent le mieux la question (Très bien ! très bien ! ), que l’on a toujours des disponibilités, que l’on dispose d’une somme de 3 millions provenant du budget des cultes. C’est cette somme, vous le savez bien, que le Gouvernement avait en vue quand, le 23 décembre 1908, MM. Caillaux, Briand et Clemenceau voulaient créer un fonds de secours et déposaient un projet qui jamais, je ne sais pourquoi, n’a fait l’objet d’un rapport.

Je ne crois donc pas émettre une prétention excessive en m’étonnant que le Gouvernement, — qui se rallie, si je l’ai bien compris, à la proposition de M. Landry et qui appuie la création de caisses, — ne commence pas par donner le bon exemple au public en apportant lui-même son obole.

M. LEPAS. — Très bien !

M. MAURICE BARRÈS. — Nos collègues Landry et Honnorat avaient inscrit, dans le premier moment, comme ressource fixe, le prix des moulages du musée du Trocadéro. Je leur ai fait remarquer que c’était là un bien petit effort et qu’il était assez singulier de réunir tant de pauvres autour d’une table pour y mettre cette toute petite brioche. (Sourires.) Se me suis permis de sourire, comme vous faites. L’observation leur a paru juste ; mais ils se sont contentés de supprimer purement et simplement cette minime ressource. (Rires et applaudissemens à droite et au centre.) Ils ont trouvé la brioche trop mesquine, mais ils ne l’ont pas remplacée. À cette heure, il n’y a plus rien sur la table. Ce que nous offririons aux églises de France, c’est tout simplement deux caisses vides, deux porte-monnaie dans lesquels il n’y a rien du tout. (Applaudissemens à droite et au centre.)

Nos collègues espèrent que le public y mettra quelque chose. Pour la caisse des monumens historiques je crois que vous obtiendrez quelque chose du public ; mais, permettez-moi de vous le dire, vous aviez pris l’engagement, — on nous l’a répété bien souvent à la Chambre, j’en prends tous mes collègues à