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lesquelles je crois que vous n’aurez rien ou pas grand’chose.

Je vous concède que pour la caisse n° 1, pour celle qui s’applique aux monumens d’un caractère artistique ou historique, vous pouvez avoir quelque chose.

M. LE MINISTRE DES FINANCES. — Nous ne supprimons pas les crédits qui existent.

M. FERDINAND BUISSON. — C’est cela.

M. MAURICE BARRÈS. — Sans doute, vous ne les supprimez pas. Quel est ce système de discussion ! Vous ai-je dit que vous les supprimiez ?

M LE MINISTRE DES FINANCES. — Je vous répondrai.

M. MAURICE BARRÈS. — Vous ne supprimez pas les crédits existans, mais vous avez pris, vous ne pouvez pas le nier, l’engagement solennel de classer peu à peu et d’entretenir toutes les églises d’un caractère artistique ou historique ; or voici que maintenant vous vous dérobez et que pour entretenir les églises même historiques et artistiques vous réclamez un argent qui sera surtout l’argent des catholiques !

Si nous passons à la caisse n° 2, à celle qui intéresse surtout ma discussion, à la caisse dont relèveront les petites églises rurales, les églises qui n’ont pas un caractère artistique ou historique reconnu jusqu’à cette heure, vous ne pouvez, vous ne devez obtenir aucun concours des gens de bonne volonté, et je vais essayer de vous expliquer pourquoi. Comment, moi, — je prends un exemple… Comment moi, qui m’intéresse à l’église de mon village, qui veux faire quelque chose pour elle, irais-je mettre dans votre caisse l’argent que je voudrais voir employé pour cette église ? Je le ferais si, en ayant recours à vous, en faisant ce détour depuis mon village, pour passer par votre caisse de Paris, en traversant votre caisse, mon argent s’augmentait de quelque chose. Alors, oui, ma bonne volonté serait récompensée, et j’aurais eu raison de tourner mes regards vers votre caisse ; mais il n’en est rien. Je mets mon argent dans votre caisse ; il est englouti. Qu’en faites-vous ? Vous ne le donnez pas seulement à l’église de mon village ; vous le donnez à toutes les églises.

Bien mieux : votre caisse s’applique à tous les édifices appartenant aux communes ou aux départemens. Dans ces conditions, vous comprenez bien que je ne veux pas, que je ne puis pas, moi qui ai en vue mon église, vous donner de l’argent