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Vous êtes disposés à contraindre les communes à accepter l’offre d’hommes de bonne volonté en faveur d’une église. Cela est bien. La proposition de M. Joseph Reinach rend service. J’y ferai pourtant une objection. La commune sera tenue, dit l’amendement, de passer une convention écrite avec le contribuable de bonne volonté qui veut faire un sacrifice. Mais si cette commune est une commune sectaire, qui souhaite l’écroulement de son église, au moment de la rédaction de cette convention, elle retrouvera le moyen de susciter des difficultés. J’entends bien ; le préfet peut intervenir. Mais le préfet autorise trop souvent des choses monstrueuses, comme celle que j’ai signalée ce matin au compte du préfet de Loir-et-Cher, à savoir l’installation de latrines dans une tour d’architecture religieuse, dans un clocher classé de la ville de Vendôme. Quelle confiance voulez-vous donc que j’aie ? (Très bien ! très bien ! à droite.) La commune récalcitrante, la commune qui désire l’écroulement de son église, persistera à refuser la convention qu’un homme de bonne volonté lui apporterait ce sera dans la rédaction même de cette convention qu’elle fera surgir les difficultés qu’on veut fuir. Je voudrais donc que ce fût la loi elle-même, et non pas la municipalité ou le pouvoir discrétionnaire et arbitraire du préfet, qui décide obligatoirement dans quelles conditions le concours des hommes de bonne volonté sera automatiquement recevable pour sauver une église.

Enfin, les propositions qu’on nous apporte ne règlent en rien la question formidable du classement des églises. A l’heure qu’il est, messieurs du Gouvernement, sachez-le donc, je vous l’ai dit, répété, et, si vous vous informez, tout le monde vous le dira, 50 pour 100 des municipalités refusent le classement de leurs églises. Quand la Commission des monumens historiques a dit : « Voilà une église que nous voulons sauver et entretenir, parce qu’elle est belle, parce qu’elle importe à l’art et à l’histoire, » — 50 pour 100 des municipalités répondent : « Non ; nous refusons le classement. » Dans tout ce qu’on apporte ici, rien ne fait face à cette difficulté. Moi, je vous disais : Comme vous ne pouvez aller en Conseil d’Etat pour chacune de ces espèces, en présence de chacun de ces refus, faites-donc le classement en bloc de notre art religieux jusqu’à l’année 1800. Et vous avez applaudi, messieurs, quasi à l’unanimité, le très remarquable discours de M. Sembat qui, s’emparant, avec son