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d’Aydat, non loin du puy de la Vache. Montlosier raille agréablement ceux qui cherchent dans les auteurs ce qui ne peut pas s’y trouver : « César vient en Auvergne, traverse nos cratères, campe sur nos laves, emploie à ses travaux, à ses machines, à ses édifices, la plupart de nos matériaux volcaniques ; et il ne parait pas que tous ces produits torréfiés aient fait sur lui la plus légère impression. Il est vrai qu’on ne peut pas trop attendre d’un guerrier, tout occupé de sièges et de combats, qu’il mettra beaucoup d’attention à examiner des matières brutes, sans mérite pour lui et sans intérêt ; mais Pline, philosophe, naturaliste, historien, qui connaissait parfaitement l’Auvergne, puisqu’il parle de la fameuse statue de Mercure, faite par Zénodore ; Pline, qui nous a laissé sous le titre d’Histoire naturelle, la compilation la plus étendue de tout ce qu’on pouvait ramasser de son temps de prodiges dans l’univers, ne fait pas plus mention de nos anciens volcans que le conquérant des Gaules[1]. »

Quant à la tradition, y en aurait-il un faible écho dans les noms, communs pour la région volcanique, où les idées de feu et d’enfer sont renfermées : Tartaret, puy d’Enfer, puy de Chaumont, Chaudefour, vallée d’Enfer, Peyre-Arse (pierre brûlée) ? Comme M. Boule l’a fait remarquer, ces noms peuvent avoir été uniquement inspirés par le paysage stérile et ardent en été.

Mais on n’aurait pas une idée complète des circonstances dans lesquelles ont pris naissance les volcans du Plateau Central, si l’on ne complétait les notions fournies par la surface, au moyen des faits observables dans les parties souterraines de la contrée. Celles-ci nous montrent, en effet, que les massifs éruptifs qui frappent le regard du promeneur sont établis sur un sol que les travaux du volcanisme ont enrichi, au cours d’interminables périodes, d’une foule de traits de structure et d’une quantité de roches variées.

Lors des temps secondaires, des émanations analogues a celles qui se font jour aujourd’hui encore dans la région du Vésuve, avaient imprégné le sol d’une partie de notre Massif. Ainsi, sur la lisière Nord, dans le département de la Côte-d’Or, on constate aux environs de Semur que de véritables famerolles ont altéré des roches plus anciennes d’une manière tout à fait

  1. Essai sur la théorie des volcans d’Auvergne, 1 vol. in-8 ; Clermont, 1783.