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des chênes, des tilleuls, des sycomores, mélangés à des végétaux dont les congénères ne poussent plus dans nos pays, comme le laurier sassafras de l’Amérique du Nord.

Quand on est depuis quelques heures seulement occupé à chercher dans cet espèce d’herbier naturel, où les feuilles, les fleurs, les rameaux se présentent successivement à mesure qu’on travaille, l’esprit involontairement se reporte aux temps antérieurs à la création de l’homme, où la cendre du grand Etna fossile tombait du ciel dans le lac de Vic-sur-Cère. Celui-ci, entouré d’une forêt aux essences variées, avait reçu sur son fond les feuilles mortes de toute une série d’hivers. La cendre s’est mélangée à ces débris organiques, et d’autant plus que l’eau, échauffée par la pluie des particules rocheuses, s’est agitée progressivement de courans développés en divers sens. Après l’éruption, le sédiment a été recouvert de dépôts plus récens ; il a été imprégné de matières conjonctives, et c’est ainsi qu’il a pris la consistance qu’il présente aujourd’hui.

Eh bien ! un fait de la plus haute portée concerne la présence que nous signalions tout à l’heure de roches analogues aux cinérites, dans l’épaisseur de tous les terrains sédimentaires, Nous avons dit qu’elles s’appellent liens dans les couches houillères de Saint-Etienne ; ce sont les talourines de Rive-de-Gier (Salamandres dans la langue locale) ; en diverses parties de l’Angleterre, on les désigne sous l’appellation de Toadstones (pierre de Crapaud). L’euritine de Thann, en Alsace, avec son allure de porphyre qui renfermerait des troncs d’arbres fossiles et celle que dans la Basse-Loire on appelle la pierre carrée, sont des cinérites du culm et du dévonien ; et il est bien remarquable que l’illustre Murchison, dans sa première description du silurien du Pays de Galles, qualifie certains lits de volcanic ashes (cendres volcaniques), se montrant ainsi bien en avance sur tous les géologues qui l’ont suivi, jusqu’à l’époque où sir Archibald Geikie a publié ses belles études sur les volcans primaires de l’Ecosse.


III

Le sol de l’Auvergne, nous l’avons vu, n’est pas complètement refroidi : de ses profondeurs, sourdent des sources minérales, s’échappent des gaz, sulfureux et carboniques. Il faut, pour