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d’une forêt de 540 hectares, car la quantité de chaleur qu’elles produisent chaque jour équivaut à la combustion de 5 000 kilogrammes de charbon de bois, ou de 12 000 kilogrammes de bois ordinaire. Chaque ménage a sa part de chaleur : des conduits en bois apportent aux maisons l’eau qui circule sous les planchers, l’hiver, bien entendu, car l’été, on dérive l’eau chaude dans le Remontalou, — quand on ne l’utilise pas au blanchiment des laines qui constitue à Chaudes-Aigues une industrie prospère. Plusieurs sources jaillissent dans ce ruisseau, dont l’eau à la surface est assez fraîche, mais que l’on sent de plus en plus chaude à mesure qu’on s’approche du fond, lequel est brûlant.

Ce lit de ruisseau brûlant fait penser au sol des Champs Phlégréens, près de Naples. Et d’ailleurs, n’avons-nous pas fait allusion aux sources d’acide carbonique, ces « Grottes du Chien, » qui, ici comme à Pouzzoles, sont des sortes de cavernes dont l’atmosphère se charge de gaz poussés vers le jour au travers d’une fissure du sol. Par une application de l’ionisation des gaz, on a imaginé de rendre l’anhydride carbonique visible aux yeux, en y jetant une fusée enflammée qui y mélange sa fumée, sans qu’elle puisse pénétrer dans l’atmosphère superposée. Il en résulte qu’on voit le gaz, comme on verrait l’eau, et qu’on apprécie la hauteur exacte de son niveau. Le nom de Grotte du Chien vient de l’expérience un peu cruelle que, pour l’édification des touristes, on fait avec un chien, que l’on noie pour ainsi dire à moitié dans le bain de gaz, — mais qui revient à la vie assez promptement, parce qu’on sait bien qu’il ne faut pas pousser trop loin l’asphyxie. La grotte du Chien, à Royat, est à proximité de sources d’eau extrêmement riches en acide carbonique qui sont parmi les plus fréquentées de l’Auvergne.


IV

L’histoire de la planète, comme l’histoire des nations comporte de grands enseignemens. Elle développe notre esprit, non pas seulement par les faits qu’elle nous fait connaître, par les spectacles grandioses qu’elle met sous nos yeux, mais encore parce qu’elle excite en nous le besoin de remonter aux causes, qui est inné dans l’homme, qu’il ne satisfera jamais, mais qui le porte à perfectionner sans cesse sa méthode d’observation.

Or l’Auvergne donne aux géologues de grandes leçons. Nous