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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/627

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imprudent de conserver et qu’ils ne voulaient cependant pas détruire.

Cela dura ainsi jusqu’à la fin de 1693. Celles que Konigsmarck reçut ensuite étaient chez lui au moment de son assassinat. Saisies par l’électeur de Hanovre, elles figurèrent au procès en divorce avec quelques autres qui avaient pu être interceptées. Ces fragmens de la correspondance ne sont, sans doute, pas près de voir le jour, car ils sont conservés, partie dans les archives royales de Berlin, partie dans celles du duc de Cumberland, roi de Hanovre in partibus.

La princesse, naturellement, détruisit les lettres de Konigsmarck qui étaient en sa possession à la mort de son amant. Aurore, dont la vie errante fut pleine d’aventures, paraît avoir confié la correspondance à sa sœur de Lewenhaupt qui s’était retirée en Suède. Celle-ci les remit en mourant à son fils en lui recommandant de les conserver avec soin, « car elles ont, dit-elle, coûté la vie à mon frère et la liberté à la mère d’un roi. »

Le comte de Lewenhaupt laissa deux fils. Le plus jeune hérita le château d’Ofvedskloster où se trouvait le précieux dépôt. Il vendit ce château à son beau-frère, le baron Ramel, dont la fille fut mariée au comte Sparre. Mlle Sparre, issue de cette union, épousa le comte de La Gardie, paléographe célèbre qui transporta à Loberod la correspondance et la joignit à sa collection de manuscrits.

C’est en 1831 que Wiselgein, dans son ouvrage sur les archives de Loberod, en révéla l’existence, puis le silence se fit à nouveau sur elle jusqu’en 1847. A cette époque, le professeur Palmblad en publia de courts extraits qui lui servirent pour son roman : Aurora Konigsmarck.

En 1848, le comte de La Gardie légua une partie de ses manuscrits, comprenant la correspondance, à l’Université de Lund. Une copie de ces lettres, prise vers 1850 par J. H. Gadd, sous-bibliothécaire de l’Université, fut vendue en 1870 au British Muséum. Wilkins confronta les originaux et les extraits qu’il avait pris de la copie. C’est sur cette dernière qu’ont été transcrites les lettres de Sophie-Dorothée qui, pour la première fois, sont soumises, dans le texte original, au public français.

Quant à celles de Konigsmarck qui s’y trouvent mêlées, nous avons dû, tout en conservant leur forme, en modifier l’orthographe qui eût rebuté le lecteur.